Le vingtième vendredi du hirak a tenu toutes ses promesses. La forte mobilisation annoncée depuis une semaine a été au rendez-vous. Des centaines de milliers d’Algériens ont marché à travers de nombreuses wilayas du pays pour réitérer leurs principales revendications, à savoir le départ des symboles du régime et la mise en place d’une véritable transition démocratique.
Depuis le début du mouvement populaire le 22 février, ce vendredi est sans doute celui qui a connu l’une des plus fortes mobilisations, malgré la chaleur et les vacances.
À Alger, malgré un impressionnant dispositif de police destiné à la fois à empêcher les manifestants de rejoindre la capitale et à restreindre les espaces pour les marcheurs, les rues étaient noires de monde. Ailleurs, notamment à Constantine, Oran, Tizi Ouzou, Bejaia, et dans plusieurs villes, on parle de mobilisation historique.
Premier enseignement de cette nouvelle journée : la mobilisation ne faiblit pas et les derniers obstacles placés sur le chemin du hirak ont été franchis avec succès.
« Partez, libérez l’Algérie ! », « Pour un État civil, non à la dictature militaire », « Ou c’est vous ou c’est nous, on ne s’arrêtera pas », « Non au dialogue avec la Issaba », « Non aux élections avec les 2B » ou encore « Les Algériens sont frères », “Libérez Bouregâa”, “Libérez les détenus du hirak” sont autant de slogans scandés en ce 20e vendredi qui coïncide avec la célébration de la fête de l’Indépendance.
Le fait de voir les mêmes slogans revenir au fil des semaines montre au moins une chose : les Algériens pensent que le hirak n’a pas encore atteint ses objectifs, malgré certaines avancées.
Ces manifestations monstres à travers le pays se déroulent alors que les initiatives politiques, à la fois du côté du pouvoir et de celui de l’opposition, se multiplient. Mercredi, le président Abdelkader Bensalah a dévoilé la dernière offre du pouvoir : la mise en place d’une instance dirigée par des personnalités indépendantes avec comme objectif de mener le dialogue et de préparer l’élection présidentielle.
Pour sa part, une partie de l’opposition regroupée au sein des Forces du changement se réunit demain samedi 6 juillet à Ain Beniane sur la côte ouest d’Alger, en présence de personnalités nationales. Une dizaine de partis, des confédérations syndicales, des associations de la société civile et des personnalités nationales devraient participer à « la conférence de dialogue national » à laquelle est assigné l’objectif de dégager une synthèse de toutes les propositions, y compris celle du pouvoir.
« Nous souhaitons arriver à une synthèse entre la solution politique et la solution institutionnelle, donc constitutionnelle. Nous proposons le retour au processus électoral après un vaste accord entre l’opposition et la société civile et toutes les parties qui portent les véritables revendications du hirak », a résumé le coordinateur de la conférence Abdelaziz Rahabi dans un entretien à TSA.
Ce samedi, les Forces du changement tiendront leur sommet, renforcées par la forte mobilisation populaire du 20e vendredi. Une mobilisation à travers laquelle le peuple a fait connaître sa propre feuille de route. Une feuille de route que ni le pouvoir ni l’opposition ne doivent ignorer au risque de prolonger l’impasse actuelle.