L’un des plus grands exportateurs de blé du monde, la Russie a envoyé 28.000 tonnes de blé vers l’Algérie cette semaine, représentant la première opération du genre en plus de quatre ans.
Le retour du blé russe sur le marché algérien a mis du temps pour se concrétiser, en raison d’un cahier des charges défavorable à l’origine russe. L’assouplissement de la réglementation algérienne a changé la donne, dans un contexte où l’Algérie tente de diversifier ses fournisseurs.
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Entre pénurie et abondance, l’Algérie ne sait pas gérer son agriculture
L’envoie des 28.000 tonnes pourrait marquer le début d’une présence russe plus importante sur le marché algérien du blé, jusque-là dominé par la France, dont l’Algérie est le premier client en dehors de l’Union européenne. Moscou gagne ainsi une manche de la bataille contre Paris pour l’accès au marché algérien du blé.
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Le site Brecorder, citant l’agence Reuters, a rapporté ce mardi que la Russie pourrait exporter jusqu’à un million de tonnes de blé à destination de l’Algérie durant la saison 2021/2022, menaçant la mainmise de la France sur le juteux marché algérien. En 2019, l’Algérie avait importé pour 2,7 milliards de dollars de céréales, principalement du blé tendre.
« Même s’il s’agit de la seule expédition (de blé russe) vers l’Algérie cette saison, nous sommes convaincus que nous augmenteront considérablement les volumes d’exportation vers le pays, qui est l’un des dix premiers importateurs de céréales au monde, au cours de la saison 2021/2022 », a affirmé Eduard Zernin, qui dirige l’union russe des exportateurs de céréales.
Bataille franco-russe pour la mainmise sur le marché algérien
Les ambitions russes en Algérie interviennent que cette dernière a assoupli en octobre dernier certaines de ses spécifications dans son cahier des charges, permettant aux fournisseurs d’offrir du blé russe et d’autres blés de la mer Noire dans le cadre d’appels d’offres pour des céréales à plus forte teneur en protéines.
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La Russie menait une longue campagne pour permettre à ses exportateurs d’accéder au marché algérien, l’un des rares grands importateurs auquel elle n’avait pas accès jusqu’à récemment.
Selon Reuters, les acteurs du marché voient en la Russie une menace à long terme pour la mainmise du blé provenant de France et d’autres pays de l’Union européenne dans le massif programme d’importation de l’Algérie.
En septembre dernier, des exportateurs français s’étaient alarmés que l’Office international professionnel des céréales (OAIC), envisageait de modifier les conditions de son appel d’offres international pour l’importation de blé. La modification a été faite depuis et le blé russe a gagné la première manche de la bataille avec le blé français.
Les regards des traders se tournent désormais sur la façon dont la cargaison russe sera accueillie par l’Algérie, précise la même source. Un accueil qui sera déterminant pour l’avenir du blé russe sur le marché algérien, d’autant que l’Algérie vient de rejeter une cargaison de blé français dans laquelle des carcasses d’animaux ont été trouvés, ce qui a suscité la colère du ministre de l’Agriculture Abdelhamid Hemdani.
Outre la modification des spécifications techniques qui ouvre la voie au blé russe, l’Algérie pourrait être tentée de faire de la Russie l’un de ses principaux fournisseurs de ce produit de large consommation. D’autant que les deux pays entretiennent des relations stratégiques dans le domaine militaire, et que l’Algérie compte obtenir de la Russie la possibilité de produire le vaccin anti-Covid Spoutnik V.