En moins de vingt-quatre heures, le général de corps d’armée Ahmed Gaid Salah, a réagi à deux reprises aux manifestations actuelles contre le 5e mandat, mais sans les évoquer directement.

Ce mercredi 6 mars, il a prononcé une allocution devant les élèves de l’Académie militaire de Cherchell, en présence de Said Chengriha, commandant des Forces terrestres, pour évoquer l’élection présidentielle du 18 avril 2019.

« L’Algérie s’apprête à accueillir une importante échéance nationale et tout le monde sait qu’au sein de l’Armée nationale populaire et de l’ensemble des autres corps de sécurité, nous sommes résolument engagés à garantir à l’Algérie et à cet événement toutes les conditions de sécurité nécessaires afin de permettre à notre peuple d’exercer son droit et son devoir de vote dans un climat de sérénité, de quiétude et de stabilité », a-t-il déclaré.

C’est une manière de « compléter » son message du mardi 5 mars dans lequel il a parlé de la sécurité de l’Algérie mais sans aborder la prochaine échéance électorale. Le vice-ministre a répondu également aux demandes de plus en plus nombreuses de l’opposition appelant au report de la présidentielle ou à l’annulation du processus électoral en raison des marches contre le 5e mandat qui déroulent depuis vendredi 22 février.

Mais le message de Gaid Salah est clair : l’armée veut que la présidentielle se tienne dans les délais et s’engage à assurer sa sécurité. Une réponse définitive ? Nous serons fixés les prochains jours.

« L’Algérie est forte avec son peuple et sûre avec son Armée »

Dans son nouveau message, le général Gaid Salah ne fait pas référence, contrairement à son habitude, au président de la République. Il a juste mis en valeur l’armée qui, pour lui, est éveillée et vigilante. « Une Armée qui restera toujours le gardien loyal des intérêts suprêmes de la patrie conformément à la Constitution et aux lois de la République. Une Armée qui saura, grâce à l’aide d’Allah, être à la hauteur de la responsabilité qu’elle est appelée à assumer dans toutes les conditions et les circonstances, car tout le monde sait que l’Algérie est forte avec son peuple et sûre avec son Armée».

Le chef d’état-major de l’ANP a insisté, comme pour son précédent message, sur le rapport entre les forces armées et le peuple. Le général Gaid Salah, qui n’a pas condamné le recours à la rue pour dénoncer le maintien de Bouteflika au pouvoir, a repris le discours sur « les menaces extérieures ».

« Soyez sûrs que l’Armée nationale populaire, consciente des problèmes sécuritaires que connaissent certains pays de notre environnement géographique proche et lointain, connait pertinemment les dessous et les dimensions de tout ce qui se passe autour de nous avec tout ce que cela représente comme risques et menaces sur notre pays qui demeure ciblée par ses ennemis, et tant enviée pour le bienfait de la sécurité dont jouit son peuple », a-t-il dit.

Là aussi, le vice-ministre de la Défense apporte implicitement des précisions à propos de son précédent message sur « certaines parties » qui veulent que l’Algérie revienne aux années 1990, « année de douleurs et de braise ». Il s’agit, à priori, de parties étrangères. Mais, lesquelles ? Difficile de le savoir.

Il est évident que le général Gaid Salah, par ses nombreuses sorties publiques ces dernières semaines, cherche à combler le vide crée par l’absence prolongée du président de la République, à Genève, actuellement, pour des soins médicaux. Il cherche également à rassurer tant les algériens que les partenaires étrangers quant au maintien de la stabilité de l’Algérie, perçue comme la priorité des priorités nationales. Une stabilité avec ou sans Bouteflika.