La région marocaine du Rif (nord) a été le théâtre d’affrontements et d’arrestations après la condamnation des meneurs du mouvement du Hirak à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
“Une soixantaine de jeunes dans le centre de Boukidan (un village près d’Al-Hoceïma) ont bloqué la route avec des barricades et des pierres ce qui a nécessité l’intervention des forces de l’ordre pour rétablir la circulation”, selon des informations obtenues par l’AFP auprès des autorités locales.
“Les forces de l’ordre ont été la cible de jets de pierres pendant une heure de la part de ces jeunes causant des blessures plus ou moins graves à une dizaine d’agents dont un a été grièvement blessé à l’arme blanche”, selon les autorités locales.
“Tous ont été hospitalisés, et six instigateurs photographiés pendant la nuit, preuve à l’appui, ont ensuite été arrêtés conformément au respect strict des procédures en vigueur et seront déférés devant la justice”, selon la même source.
Des médias marocains font aussi état d’affrontements entre des manifestants et les forces de l’ordre dans des localités proches de la ville d’Al-Hoceïma, avec une série d’arrestations.
Un membre de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) a été arrêté vendredi à Imzouren, près d’Al-Hoceïma, a indiqué à l’AFP un militant local de l’AMDH qui a également fait état d’arrestations à Al-Hoceïma et Boukidan.
La condamnation des 53 meneurs du Hirak, nom du mouvement de protestation qui a agité le Maroc en 2016-2017, a suscité des réactions d’incompréhension et d’indignation dans le royaume.
Le leader du mouvement Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons ont été condamnés à 20 ans de prison pour “atteinte à la sécurité de l’Etat”.
Le journaliste Hamid el Mahdaoui a été condamné jeudi à trois ans de prison après sa couverture des événements. Les deux principaux syndicats de la presse du royaume ont fustigé vendredi cette condamnation “extrêmement sévère”.
Les leaders des partis de la majorité au Maroc ont, eux, affirmé vendredi “respecter l’indépendance du pouvoir judiciaire”, tout en évoquant la possibilité pour les condamnés de “faire appel”.
Des députés de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) ont déposé au Parlement une proposition de loi pour une amnistie générale des détenus du Hirak, en phase avec une pétition en ce sens lancée sur internet.
Une quinzaine d’associations européennes et arabes ont demandé “l’annulation de ces peines et la libération immédiate des détenus” dans une déclaration commune à Barcelone.
Les autorités marocaines assurent que le procès s’est tenu conformément aux normes de la justice internationale, en présence d’observateurs indépendants et de médias.
A Al-Hoceïma, épicentre du mouvement, les autorités locales ont mis en exergue, jeudi, l’avancement des chantiers de développement lancés dans la région historiquement frondeuse et marginalisée.