Les condamnations pour délit d’opinion se multiplient au Maroc. Ayoub Mahfoud, un jeune lycéen de 18 ans a été condamné à la mi-décembre par un tribunal de Meknès à trois ans de prison ferme après avoir repris sur Facebook les paroles de la chanson « Vive le peuple » du rappeur Gnawi
Il s’appelle Ayoub Mahfoud. Ce jeune lycéen de 18 ans a été condamné le 17 décembre dernier à une lourde peine de trois ans de prison ferme par un tribunal de Meknès. Son seul tort, avoir publié sur sa page Facebook des extraits de la chanson du rappeur Gnawi, « 3ach’ cha3b », (Vive le peuple), lui-même condamné à un an de prison pour « insulte à la police ».
Selon les attendus du jugement dont Le Desk a obtenu copie, Ayoub avait été poursuivi, dès fin novembre en vertu des articles 179, 263 et 265 du code pénal. Le premier sanctionnant toute « offense commise à la personne du roi », les autres « l’outrage à un fonctionnaire public » et « à un corps constitué ».
Dans un entretien accordé au site d’informations Lakome2, son père, militaire à la retraite ayant servi plus de trente ans au sein d’un contingent mobilisé aux confins sahariens, a déclaré que son fils avait été arrêté par la police le 30 novembre, « sans précision des motifs ». « Je n’ai pas pu voir mon fils jusqu’au jour de son jugement », a-t-il ajouté. Ayoub lui aurait confié avoir signé le procès-verbal dressé par la police sans le parcourir pensant qu’il allait être libéré sans être poursuivi. Sa mère, a, quant à elle, témoigné à Hibapress qu’il a été cueilli à son domicile par des agents en civil ayant prétendu faire partie de ses « amis ».
En pleine mobilisation pour le cas du journaliste Omar Radi poursuivi pour « outrage à magistrat », le cas de Ayoub est quelque peu passé sous les radars. Mais depuis quelques jours, celui-ci suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux : « La place du lycéen n’est pas la prison, mais parmi ses camarades de classe », ont commenté nombre d’internautes soulignant un contexte devenu plus que préoccupant en matière de prise de parole pour tous : journalistes, activistes, artistes ou simples citoyens.
La récente condamnation du youtubeur Mohamed Sekkaki, alias « Moul Kaskita » à trois ans de prison pour « insulte au roi » ou encore celle du rappeur Hamza Asbaar à quatre ans de prison ferme, pour la diffusion de son titre « Fhemna » (« Nous avons compris »), démontrent d’un tour de vis sécuritaire de la part des autorités ont rappelé les associations et ONG nationales et internationales de défense des droits de l’Homme.
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