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Maroc-Cuba : La Havane remet les pendules à l’heure

Il y a eu des « interprétations erratiques » à propos du rétablissement, le 21 avril dernier, des relations diplomatiques entre Cuba et le Maroc interrompues pendant 37 ans après que La Havane eut reconnu la République arabe saharaouie démocratique (RASD).

Les autorités cubaines ont donc voulu remettre les pendules à l’heure. Elles l’ont fait, mercredi 26 avril, dans un long article publié dans Granma, le quotidien officiel du Parti communiste, et reproduit par une bonne partie de la presse de l’archipel. En un mot : “La Havane continuera toujours à soutenir le Front Polisario et sa RASD proclamée en 1976“.

Le roi Mohamed VI et sa famille étaient en vacances à Cuba du 7 au 13 avril, alors que La Havane et Rabat n’avaient pas de relations diplomatiques. La destination choisie par le souverain a surpris car Cuba est le principal allié du Polisario en Amérique Latine. « Les vacances polémiques du roi du Maroc chez son ennemie Cuba », titrait, par exemple, le quotidien espagnol El Mundo qui signalait également que les médias cubains, tous contrôlés par le pouvoir, avaient passé la visite royale sous silence.

Mohamed VI a ensuite poursuivi ses vacances en Floride, où il était encore mercredi dernier, mais une semaine après son départ de Cuba, La Havane et Rabat ont annoncé le rétablissement de leurs relations diplomatiques que leurs ambassadeurs auprès de l’ONU à New York avaient négocié discrètement.

« Le nouveau coup gagnant du Souverain », annonçait, par exemple, aussitôt Luxe Radio, une station basée à Casablanca, une idée reprise en chœur par une bonne partie de la presse marocaine à commencer par le journal en ligne Le 360, proche du Palais. Celui-ci révélait même que Mohamed VI s’était réuni avec de hauts responsables cubains, mais ne donnait pas de noms. La Havane n’a pas confirmé que ces réunions ont bien eu lieu.

Les déclarations élogieuses à propos de cette initiative royale se sont succédé depuis à bon rythme au Maroc. Grâce à elle « Cuba a cessé son soutien actif au séparatisme ; d’abord parce que le régime cubain n’avait plus les moyens de telles aventures ; ensuite parce qu’il ne croyait plus aux calembredaines séparatistes », expliquait, par exemple, le français Charles Saint-Prot, directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques, dans commentaire repris mercredi dernier par la MAP (agence de presse officielle du Maroc).

C’est le Maroc qui a demandé à rétablir « les relations diplomatiques sans poser aucune condition,  ce que Cuba accepta », précise le quotidien cubain Granma. Mais cela n’aura pas de conséquences sur sa politique étrangère. « Les autorités cubaines maintiennent inchangée leur position en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental et continueront à donner leur appui à la formation de centaines de jeunes saharaouis dans leurs centres d’éducation et à fournir l’aide de coopérants cubains en matière sanitaire et éducative », ajoute le journal.

Les autorités de La Havane « remercient le peuple saharaoui pour ses démonstrations de solidarité à toute épreuve envers la Révolution cubaine et ses accomplissements », continue le média. Les responsables saharaouis savent parfaitement que Cuba défend le droit des peuples “à l’autodétermination, à l’indépendance et à leur décolonisation“, conclut-il.

Seul clin d’œil au Maroc dans le quotidien du Comité Central du parti : des remerciements pour l’appui de Rabat à l’ONU, depuis 2006, à la résolution cubaine qui chaque année demande la levée du blocus économique et commercial américain -c’est davantage un embargo- auquel est soumis l’archipel.

La position cubaine n’est pas vraiment une surprise. Quand les autorités de l’île ont accepté d’accueillir le souverain marocain et sa famille, leur ambassadeur à Alger, Raúl Barzaga Navas, avait contacté le leader du Polisario, Brahim Ghali, pour l’informer. Il les avait aussi rassurés en leur garantissant que ce séjour ne changerait en rien la position cubaine sur le conflit du Sahara.

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