Une loi contre les violences faites aux femmes est entrée officiellement en vigueur ce mercredi au Maroc, après des années de vifs débats et au moment où une affaire de viol collectif suscite l’émoi dans le pays.
Discuté depuis cinq ans, le texte avait été définitivement adopté au Parlement en février. Il demeure toutefois insuffisant aux yeux des mouvements féministes. La loi incrimine pour la première fois « certains actes considérés comme des formes de harcèlement, d’agression, d’exploitation sexuelle ou de mauvais traitement ». Elle durcit également les sanctions pour certains cas et prévoit des « mécanismes pour prendre en charge les femmes victimes » de violences.
Il s’agit « d’un des plus importants textes renforçant l’arsenal juridique national dans le domaine de l’égalité des sexes », s’est félicitée la ministre de la Famille, de la femme et de la solidarité, Bassima Hakkaoui, dans un entretien à l’agence MAP.
L’ex-ministre en charge des Droits des femmes et militante pour l’égalité des sexes, Nouzha Skalli, avait toutefois estimé que la loi ne prenait pas en compte « les définitions internationales en matière de violences à l’égard des femmes », citant l’exemple du viol conjugal qui reste impuni.
Au Maroc, médias et ONG tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur le fléau de la violence subie par les femmes, en particulier le harcèlement, alors que plusieurs cas d’agressions ont défrayé la chronique ces dernières années.
Les lieux publics sont les endroits où la violence à l’égard des femmes est la plus manifeste, d’après une étude de 2015 de l’Observatoire national de la violence faite aux femmes. A la veille de l’entrée en vigueur de cette loi très attendue, une femme de 24 ans a déposé plainte contre trois hommes pour « harcèlement », ont rapporté des médias marocains. Elle pourrait être la première à bénéficier des dispositions de la nouvelle loi.
Le texte entre par ailleurs en vigueur au moment où l’affaire d’une jeune Marocaine qui accuse un groupe d’hommes de son village de l’avoir violée suscite l’émoi. Dans une vidéo diffusée fin août qui est devenue virale, Khadija, 17 ans, raconte avoir été kidnappée, séquestrée, violée et martyrisée pendant deux mois par des jeunes de son village. Son témoignage filmé, où elle montre des tatouages obscènes et des traces de brûlures de cigarettes sur son corps, a entraîné une vague de solidarité.
Douze de ses agresseurs présumés ont été placés en détention préventive avec différents chefs de poursuite. L’instruction a débuté le 6 septembre. Les prochaines audiences ont été fixées au 10 octobre.