La normalisation du Maroc avec Israël est plus que jamais contestée. Après les critiques du PJD, parti islamiste au pouvoir au moment de la signature des accords de normalisation en décembre 2020, la riposte de la société civile marocaine commence aussi à se structurer.
Sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump, le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations fin 2020, en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis occupés.
La communication officielle marocaine avait soutenu que le soutien à la cause palestinienne se poursuivra, mettant en avant le statut de « président du comité Al Qods » du roi Mohammed VI.
Mais la posture s’est avéré intenable au fil des mois. Alors que les deux pays ont franchi des étapes dans leur rapprochement, notamment militaire, Benyamin Netanyahou est revenu au pouvoir en Israël à la tête d’un gouvernement qualifié de « plus à droite » de l’histoire de ce pays.
Plusieurs manifestations de rue, concomitamment avec la contestation de la dégradation du pouvoir d’achat, ont eu lieu au Maroc ces derniers mois pour dénoncer la normalisation avec Israël.
La contestation a pris une autre forme avec cette tribune publiée jeudi 23 mars et signée de 100 personnalités de la société civile marocaine.
La tribune est à l’initiative de plusieurs organisations, notamment le mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) et la Campagne marocaine pour le boycott académique et culturel d’Israël (MACBI).
Ses signataires demandent au gouvernement marocain de revenir sur sa décision de normalisation des relations avec Israël et de rompre tout lien avec ce pays. Ils estiment que la situation dans les territoires occupés s’est aggravée avec l’avènement du nouveau gouvernement israélien dont certains membres se déclarent « fascistes ».
La tribune a déjà recueilli les signatures de militants, de journalistes, d’universitaires et d’intellectuels marocains. Ils appellent à rompre avec le gouvernement Netanyahou et le système de « l’apartheid qui occupe la Palestine ».
Maroc : la société civile appelle à rompre avec le gouvernement israélien
Composé d’une coalition de membres de l’extrême-droite, de partis religieux et de colons, le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou multiplie les déclarations et les actions anti-palestiniennes, faisant s’éloigner la solution à deux Etats.
Les dernières déclarations du ministre des Finances israélien Bezalel Smotrich qui a nié l’existence du peuple palestinien ont provoqué un tollé.
Selon les auteurs de l’appel, ce gouvernement extrémiste israélien a pris la relève pour diriger l’occupation militaire « sans masque démocratique ».
Le palais royal marocain a récemment réitéré que la question palestinienne était « une cause nationale de premier rang ». Si telle est la position officielle du Maroc, « les ennemis de l’indépendance de la Palestine » ne sauraient être traités « en alliés », lit-on dans la tribune.
Le palais royal répondait à une sortie dans laquelle le président du Parti de la justice et du développement (PJD) et ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane, s’en était pris au ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita qu’il a accusé de « défendre Israël ».
Le palais a rappelé à Benkirane que la politique étrangère demeurait du ressort exclusif du roi et que, du reste, la décision de normaliser les relations avec Israël avait été acceptée par l’ensemble de la classe politique, y compris par le PJD.
C’est le Premier ministre issu de ce parti, Saad Dine El Othmani, qui a signé les accords pour le Maroc. Plus tard, El Othmani a reconnu que c’était un moment « douloureux » pour lui mais qu’il se devait d’appliquer une décision d’Etat.