Le Maroc et Israël continuent de se rapprocher. Ils ont fait un pas important ce mardi 26 janvier sur la voie de la concrétisation de l’accord de normalisation, annoncé jeudi 10 décembre par Donald Trump, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occupé.
Après 20 ans de fermeture, la mission diplomatique israélienne à Rabat a rouvert ses portes ce mardi pour accueillir son nouveau chef, David Govrin, qui va occuper le poste de chargé d’affaires de son pays dans la capitale du royaume de Mohamed VI.
Cette mission avait été fermée en 2000, au début de la 2e intifada palestinienne, mais les relations entre Israël et le Maroc n’ont pas été interrompues, comme l’a confirmé le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, dans la foulée de l’annonce de la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays.
L’annonce a été faite par le ministère israélien des Affaires étrangères qui a dit qu’il s’agissait d’un “jour de célébrations” pour Israël. À Rabat, M. Govrin, qui a occupé le poste d’ambassadeur d’Israël en Égypte entre 2016 et 2020, va s’atteler à renforcer les liens politiques, touristiques, économiques et culturels entre les deux pays, selon la même source. Pour la réouverture du bureau d’affaires marocain à Tel-Aviv, aucune date n’a été donnée.
Le 10 décembre, le président américain Donald Trump a annoncé la décision du Maroc de normaliser ses relations avec Israël, après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan. En échange, les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, un territoire classé non autonome par l’ONU.
Cet accord a été annoncé dans un contexte de reprise des hostilités armées entre le Maroc et le Front Polisario depuis l’attaque militaire marocaine contre des civils sahraouis dans la zone tampon de Guerguerat, le 13 novembre dernier.
Depuis cette attaque, le Front Polisario a décidé de rompre l’accord de cessez-le-feu qu’il avait signé avec le Maroc en 1991, et de reprendre les attaques contre les forces d’occupation marocaines. Samedi soir, l’Armée de libération du peuple du Sahara occidental a bombardé pour la première fois la zone tampon de Guerguerat, samedi 23 janvier.
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Sahara occidental : le Maroc attentif à la décision de Biden
Le retour aux armes au Sahara occidental et le rétablissement des relations entre Israël et le Maroc inquiètent l’Algérie qui soutient le combat sahraoui pour l’autodétermination. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé la décision de Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, et réclamé « l’impartialité » des États-Unis qu’exigent les défis actuels” pour faire avancer les causes de la paix sur les plans régional et international.
Du coup les regards se tournent vers le nouveau président américain Joe Biden, qui a succédé à Donald Trump le 20 janvier dernier, à la tête de la première puissance mondiale.
Si la nouvelle administration s’est prononcée clairement sur des dossiers importants comme le nucléaire iranien (Biden a promis de revenir à l’accord de 2015 qui a été annulé par Trump), l’accord de Paris sur le climat (Bident a annoncé mercredi 21 janvier le retour de son pays dans cet accord) et la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, ce n’est pas le cas pour la question du Sahara occidental.
Le nouveau chef du Pentagone a affirmé par exemple qu’il examinerait cette question, sans prendre d’engagement clair. Ce qui ne rassure pas le Maroc, qui attend notamment la confirmation par Washington de la décision de Trump et l’ouverture d’un consulat dans la ville occupée de Dakhla.