International

Maroc – Israël : revirements en série de ceux qui ont applaudi la normalisation

Au Maroc, la normalisation des relations avec Israël est toujours autant rejetée qu’au premier jour. Le mécontentement atteint désormais ceux qui avaient donné leur quitus au Palais royal pour franchir le pas en décembre 2020,

Le royaume avait négocié et signé les accords de normalisation sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

Dans leur communication, les autorités marocaines avaient présenté l’initiative comme étant motivée par l’intérêt vital du pays tout en assurant que cela ne changerait rien au prétendu soutien qu’apportait le roi Mohammed VI à la cause palestinienne en sa qualité de « président du comité Al Qods ».

Les deux parties ont aussitôt entamé l’approfondissement de leur coopération, notamment militaire, et le gouvernement marocain a pu contenir la contestation en interne menée par la société civile. Mais les attaques du 7 octobre 2023 contre Israël et la guerre contre Gaza qui suivi ont changé la donne.

La colère est toutefois montée davantage après le début de l’agression israélienne contre Gaza qui dure depuis d’une année et pendant laquelle la diplomatie du royaume n’a pu exercer aucune influence sur l’allié israélien.

Les crimes commis dans l’enclave palestinienne et depuis quelques semaines au Liban ont mis le roi Mohammed VI, son gouvernement et tous ceux qui ont applaudi la démarche dans une grande gêne.

Le politologue marocain Rachid Achichi a fait son mea culpa quatre ans après avoir cru aux vertus de la normalisation. « Mon erreur a été de prêter à l’élite politique marocaine, une subtilité qu’elle n’a vraisemblablement pas », a-t-il avoué sur X, « par honnêteté intellectuelle », estimant sans ambages qu’ « il est temps pour le Maroc de revoir sa normalisation avec Israël ».

« Il est temps pour le Maroc de revoir sa normalisation avec Israël »

Rachid Achichi n’épargne pas ceux qui façonnent la stratégie du Maroc, indiquant qu’il a eu la naïveté de penser qu’ils sont « du niveau de Talleyrand ou de Sun Tzu », alors que, constate-t-il, « en est à des années lumières ».

L’autre revirement très symbolique est celui de Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement et patron du parti politique au pouvoir au moment de la signature des accords de normalisation, le Parti de la justice et du développement (PJD). Les accords ont été signés pour la partie marocaine par Saadedine El Othmani, alors chef du gouvernement issu du parti islamiste.

Benkirane a succédé à El Othmani à la tête du parti suite à la défaite cuisante aux législatives de 2021, due selon de nombreux analystes en partie à la compromission du PJD dans la normalisation. Quatre ans après, Benkirane s’en lave publiquement les mains.

« Le PJD n’a jamais été et ne sera jamais pour la normalisation », a-t-il déclaré à Casablanca lors d’un meeting commémoratif du début de la guerre à Gaza. Ses propos ont été rapportés samedi 26 octobre par des médias marocains, dont le site Hespress.

« Le parti a déjà présenté ses excuses pour ce qui s’est passé, bien que ce soit Saadedine El Othmani qui devait le faire. Il y a des circonstances derrière ce qu’il a fait. Le PJD ne pourra pas vendre la cause palestinienne », a insisté Benkirane.

En novembre 2022, soit avant le début de l’agression contre Gaza, El Othmani avait avoué que la signature des accords de normalisation a été « un moment douloureux » pour lui, se justifiant par le fait qu’il s’agissait d’une décision officielle de l’État marocain et qu’il se devait de l’appliquer en sa qualité de chef du gouvernement.

SUR LE MÊME SUJET :

Maroc : une actrice israélienne controversée vedette d’une série télé

Les plus lus