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Maroc : la holding de Mohamed VI touchée par les « hackers algériens »

Maroc : la holding de Mohamed VI touchée par les « hackers algériens »

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Indignation au Maroc après les divulgations faites par un groupe de « hackers algériens » sur les salaires de certains hauts fonctionnaires, notamment ceux de la holding du roi, par laquelle Mohammed VI et son entourage contrôlent des pans entiers de l’économie du royaume.

Dans un pays en butte au chômage, l’inflation et la mal-vie, de tels revenus indécents ne pouvaient pas ne pas choquer.

Mardi 8 avril, un groupe de hackers portant le nom de code JabaROOT et se réclamant d’Algérie, a pu accéder au site du ministère marocain de l’Emploi et à la plateforme de la Caisse de Sécurité sociale (CNSS).

Le groupe de « hackers algérien » a mis sur une chaîne Telegram des données se rapportant aux salaires de centaines de milliers de Marocains, dans de très hauts responsables.

Maroc : scandale retentissant après une cyberattaque de grande ampleur

Selon le journal en ligne ledesk.ma, le piratage a porté sur les données de 500.000 entreprises, à travers 54.000 fichiers PDF.

Dès leur mise en ligne, les fiches de paie les plus scandaleuses, notamment celle de Mounir El Majidi, secrétaire particulier du roi qui perçoit 1,3 million d’euros de salaire annuel, se sont retrouvées sur les réseaux sociaux.

Sur leurs pages, les Marocains commentent abondamment ces révélations et les inégalités qu’elles dévoilent, sachant que le revenu moyen au Maroc est de seulement 3500 euros par an.

Il s’agit du revenu moyen et l’écrasante majorité des Marocains gagne nettement moins que ce montant. Dans le rapport mondial sur les inégalités (World inequality report) en 2022, il est indiqué que 10% de la population accaparent la moitié des revenus de tout le royaume.

La cyberattaque a permis de dévoiler les salaires faramineux versés aux hauts dirigeants par la holding du roi Mohammed VI « Signer », le fonds national d’investissement contrôlé à 60% par cette même holding, les principales banques, les grands médias du Maroc…

Même les données du bureau de liaison d’Israël à Rabat ont fuité.

Mais ce sont les salaires liés à l’entourage du roi Mohammed VI qui intéressent le plus les Marocains.

Des « hackers algériens » dévoilent des chiffres qui choquent les Marocains 

Mounir El Majidi gagnerait l’équivalent de 120 000 euros par mois en sa qualité de manager de Siger. Depuis 2003, il aurait perçu 18,5 millions d’euros.

Les données disponibles ne précisent pas si ce montant inclut ou pas le revenu d’El Majidi pour ses fonctions de secrétaire particulier de Mohamed VI. Quoi qu’il en soit, 1,3 million d’euros par an reste un salaire indécent dans un pays où le salaire mensuel moyen ne dépasse pas 340 euros.

Les révélations faites par JabaROOT ont permis de rappeler aux Marocains combien leur roi est riche. Le magazine Forbes avait estimé en 2015 la fortune du roi à 5,5 milliards de dollars.

A travers sa holding Siger, il contrôle 60% du fonds marocain d’investissement Mada, présent dans plusieurs secteurs de l’économie marocaine, comme la distribution, les banques, l’immobilier, les mines, la construction, les télécoms, l’énergie et les assurances. Al Mada représente 6% du PIB de tout le Maroc.

En plus de sa fortune personnelle, le roi siphonne aussi des sommes colossales sur le budget de l’Etat marocain.

Dans le budget 2023, 543,4 millions de dirhams (52 millions d’euros) étaient alloués aux dépenses du roi, dont 26,2 millions de dirhams pour le poste « personnel » (salaire du roi et des membres de sa famille), et 517 millions de dirhams pour le « matériel et dépenses diverses ».

Maroc : Mohammed VI à la tête d’une richesse impressionnante

Mohamed VI possède aussi un nombre impressionnant de palais (presque un dans chaque ville marocaine) et de résidences de luxe à l’étranger, notamment à Paris.

Son entourage aussi est très riche. A titre d’exemple, la fortune du chef du gouvernement Aziz Akhannouch est estimée par Forbes à 2 milliards de dollars.

Selon le journal espagnol El Confidencial, la fortune cumulée de la famille royale (en comptant celle de Mohamed VI) s’élève à 6,97 milliards d’euros.

Sans démentir formellement la véracité des données divulguées par les hackers, la CNSS a tenté de semer le doute en indiquant dans un communiqué diffusé mercredi qu’après avoir effectué des « vérifications initiales », elle a constaté que certains documents divulgués sur les réseaux sociaux « sont faux, inexacts ou incomplets », sans toutefois fournir de détails sur les salaires qui auraient fait l’objet de cette prétendue manipulation.

Cyberattaque : la réaction du gouvernement marocain

Le Maroc a officiellement ce jeudi pour dénoncer un « acte criminel » mené par des « parties hostiles » au royaume. « Les fuites de données ont été analysées, et il s’avère qu’elles comportent des altérations visant à induire en erreur et à nuire à la crédibilité des institutions concernées », a déclaré Le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, sans formuler d’accusations contre l’Algérie, alors que les médias imputent cette attaque à des hackers algériens.

Dans un article consacré au sujet, El Confidencial se souvient que les autorités marocaines ont eu recours au même stratagème pour tenter de semer le doute lors de la cyberattaque d’envergure subie par le Maroc en 2014.

La cyberattaque, qui a ciblé le renseignement extérieur marocain (DGED) et qui s’avérera par la suite être l’œuvre des services français, avait permis de démasquer des journalistes occidentaux au service de la DGED.

Elle avait aussi permis de révéler que c’est le renseignement marocain qui était à l’origine d’une rumeur prêtant à l’ancien chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, une liaison avec la femme politique franco-marocaine Rachida Dati.

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