Les réactions à la visite au Maroc du chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Aviv Kochavi, suscite de nombreuses réactions.
La visite constitue une étape de plus dans le rapprochement entre les deux pays, entamé il y a près de deux ans.
En décembre, le royaume a normalisé ses relations avec Israël sous l’égide des États-Unis de Donald Trump.
Depuis, les deux pays intensifient leur coopération, particulièrement dans le domaine militaire.
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Un protocole de coopération en matière de défense a été signé en novembre 2021, à l’occasion de la visite au Maroc du ministre des Affaires étrangères d’Israël, Benny Gantz.
L’accord avait été qualifié d’historique et de sans précédent, étant le premier que conclue Israël avec un État arabe, bien qu’il entretient des relations avec d’autres pays depuis des décennies, comme l’Égypte (1978) et la Jordanie (1994).
Moins d’une année après, c’est le chef de l’armée israélienne qui foule le sol marocain dans le but évident de traduire en actes les dispositions du protocole de coopération.
Il n’échappe pas aux observateurs que depuis la normalisation, deux des quatre visites de haut niveau qu’ont effectuées les Israéliens au Maroc concernent des responsables ayant un lien direct avec l’armée : Benny Gantz, ministre de la Défense et Aviv Kochavi, chef d’état-major. En plus de la visite de la ministre de l’Intérieur.
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Avant eux, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid s’est rendu dans le royaume en août 2021, d’où il a lancé des menaces à l’égard de l’Algérie à laquelle il a reproché ses prises de positions au sein de l’Union africaine et son prétendu rapprochement avec l’Iran.
Israël et le Maroc ont effectué un rapprochement politique et entamé un processus de coopération censé toucher tous les domaines.
Mais, ces deux dernières années, on ne parle presque que de la coopération militaire.
Des commandos marocains ont pris part l’année dernière à des exercices d’entraînement en Israël et plus récemment, en juin dernier, des officiers israéliens ont participé pour la première fois aux manœuvres « AfricanLion », pilotées par le Maroc et le commandement américain en Afrique (Africom).
Parallèlement, d’autres actions de coopération militaire, notamment dans la fabrication d’armes sophistiquées ou leur mise à la disposition du Maroc, sont régulièrement annoncées.
Avant même la normalisation, les Israéliens ont permis aux services marocains de disposer du logiciel espion Pegasus pour espionner des opposants internes et des citoyens et responsables étrangers, particulièrement des Algériens.
Toutes ces actions font tomber le masque sur les véritables motivations de la nouvelle alliance qui s’est faite sur le dos desEtats voisins et surtout de la cause palestinienne.
A la signature des accords de normalisation, en décembre 2020, le palais royal a tenté de faire croire que cela n’affectera pas le « soutien » qu’apporte le roi à la cause palestinienne en sa qualité de « président du comité Al Quds », un titre qu’il a hérité de son défunt père Hassan II.
Une telle assertion ne pouvait pas tenir devant l’intensification de la coopération militaire au moment où Israël ne fait pas la moindre concession aux Palestiniens, s’enfonçant au contraire dans sa politique de colonisation qui tord le cou chaque jour davantage à la solution politique juste recherchée.
« Un nouvel Otan du monde arabe »
Au Maroc, la contestation de la normalisation s’est greffée sur le mouvement social qui couve depuis plusieurs mois.
Lundi 18 juillet, au premier jour de la visite de Kochavi, une manifestation a eu lieu devant le Parlement marocain pour dénoncer la venue du chef de « l’armée sioniste » qui bafoue quotidiennement les droits des Palestiniens.
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Les Marocains semblent avoir bien compris les enjeux du rapprochement.
Un militant associatif, cité par des médias internationaux, parle de « nouvel Otan ».
« Il (le chef d’état-major israélien) est là pour une réelle coordination dans ce nouvel axe militaire, ce nouvel Otan du monde arabe que les Israéliens, sous le parapluie américain, ont créé et dont Israël est le fer de lance, et qui se traduira par un risque de guerre accru », a estimé dans une déclaration à l’AFP le militant Sion Assidon, lui-même d’origine juive.
Comme quoi, la visite de Kochavi ne passe pas, même chez ceux qui ont des raisons d’apporter un soutien au Maroc ou à Israël.
L’ancien président tunisien, Moncef El Merzougui, est par exemple connu pour ses positions pro-marocaines sur la question du Sahara occidental.
Mais voir le chef de l’armée israélienne fouler le sol du Maghreb l’a fait sortir de ses gonds.
« Rien, rien, rien ne peut justifier l’accueil du chef d’état-major d’une armée qui occupe et déchire quotidiennement la Cisjordanie par la colonisation, empêche les habitants de Ghaza d’avoir une vie normale depuis plus d’une décennie et transgresse la sacralité de la mosquée d’Al Aqsa », a posté l’ancien chef d’Etat tunisien sur Facebook.
Plus précis dans son analyse, El Merzougui estime que le Maroc fait tout cela pour nuire à l’Algérie.
« Le voilà invité chez un Etat arabe qui en appelle à cette armée (israélienne) contre un autre Etat arabe qui, quoi qu’il en soit, demeure un Etat voisin et frère. Israël est devenu partie dans nos différends pas seulement au Machrek mais aussi au Maghreb et tout le monde sait quel est son intérêt », a poursuivi le premier président de la Tunisie post-révolution de 2011.