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Maroc : le FMI appelle à une accélération des réformes structurelles

Les vulnérabilités budgétaires et extérieures s’atténuent davantage. Une croissance plus forte et plus inclusive passe par l’accélération des réformes structurelles. La conjoncture actuelle reste propice à une transition vers un taux de change plus souple.

La mission des services du Fonds monétaire international (FMI) qui a mené avec les autorités marocaines des entretiens relatifs à la consultation de 2017 au titre de l’article IV et à la troisième revue de l’accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL), approuvé en juillet 2016, s’est dite, mardi à Rabat, optimiste quant aux perspectives macro-économiques du Royaume.

S’exprimant lors d’un point de presse à l’issue de cette mission (25 octobre-7 novembre), le chef de la délégation, Nicolas Blancher, a souligné qu’  « après la sécheresse de l’an dernier, la croissance économique s’est accélérée et devrait atteindre 4,4 % en 2017, portée principalement par un net rebond de l’activité agricole, tandis que l’activité hors agriculture progresse modérément ».

L’inflation a fléchi et la croissance du crédit se redresse, a-t-il poursuivi, notant que le déficit des transactions extérieures courantes devrait s’alléger à 3,9% du PIB en 2017, à la faveur d’une croissance « vigoureuse » des exportations qui compenserait l’impact de la hausse des prix du pétrole et des importations élevées de biens d’équipement.

Quant aux réserves de changes, elles devraient rester à un niveau confortable, équivalent à environ six mois d’importations, alors que la croissance devrait ralentir en 2018 en raison d’un retour à la normale de la production agricole, puis atteindre 4,5% à moyen terme grâce à la poursuite des réformes structurelles, a estimé Blancher.

DES PROJECTIONS SOUMISES À DES RISQUES

« Cependant, ces projections demeurent sujettes à des risques, à la fois au plan domestique, en liaison avec le rythme d’avance des réformes et au plan extérieur, concernant la conjoncture dans les pays avancés et émergents, les prix mondiaux des produits énergétiques, les tensions géopolitiques dans la région et la volatilité sur les marchés financiers mondiaux », a-t-il relevé.

Sur le plan budgétaire, Blancher fait savoir que la consolidation observée depuis plusieurs années se poursuit et que l’évolution à fin septembre a été positive et conforme à l’objectif des autorités d’une réduction du déficit budgétaire à 3,5 % du PIB en 2017.

« Pour 2018, la mission note avec satisfaction que les autorités marocaines comptent ramener le déficit budgétaire à 3 % du PIB en augmentant les recettes et en maîtrisant les dépenses, comme indiqué dans la loi de finances soumise au parlement », a-t-il dit, estimant qu’à moyen terme, la réforme fiscale devrait continuer à rendre l’impôt plus efficient et plus équitable, tout en contribuant à l’objectif des autorités de ramener le niveau de la dette publique à 60 % du PIB d’ici 2021, contre 64,3 % en 2017.

Ces efforts permettraient de dégager des marges supplémentaires et de soutenir les investissements dans les infrastructures et le capital humain, en appui à la croissance et aux programmes sociaux, a souligné Blancher. Ainsi, il a fait remarquer que la mission souscrit aux efforts qui sont déployés actuellement sur le plan de la décentralisation budgétaire et souligne l’importance de garantir la bonne gouvernance, la transparence et la discipline budgétaire au niveau local.

Par ailleurs, Blancher a indiqué que la mission soutient pleinement l’intention des autorités d’assouplir progressivement le régime de change, ce qui devrait rendre l’économie mieux à même d’absorber les chocs extérieurs et préserver sa compétitivité.

« La situation actuelle continue d’offrir une fenêtre d’opportunité pour entamer cette transition de manière progressive et ordonnée. Il serait donc approprié d’engager ce processus dès que possible », a-t-il dit.

Concernant le secteur financier marocain, Blancher a noté qu’il est bien capitalisé et les risques pesant sur la stabilité financière demeurent limités. Selon lui, malgré le niveau élevé des créances en souffrance, celles-ci font l’objet d’un suivi régulier et sont bien provisionnées. Parallèlement, Blancher a fait savoir que la mission, qui encourage les autorités à réduire davantage la concentration des expositions de crédit et à limiter les risques liés à l’expansion des banques marocaines en Afrique grâce à une collaboration renforcée avec les autorités de supervision des pays hôtes, salue les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations du Programme d’évaluation du secteur financier de 2015 et souscrit aux efforts visant à améliorer l’inclusion financière et l’accès au crédit, en particulier pour les petites et moyennes entreprises.

Et d’ajouter que la mission recommande d’adopter dès que possible la nouvelle loi sur les statuts de la banque centrale, qui renforcera l’indépendance de cette dernière et son rôle en ce qui concerne la stabilité et l’inclusion financières.

En juillet 2016, le Conseil d’administration du FMI avait approuvé un accord de 24 mois au titre de la LPL pour un montant équivalent à environ 3,5 milliards de dollars (280 % de la quote-part du Maroc).

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