Au Maroc, le « Hirak » du Rif ne perd pas de son intensité. Plus de sept mois après sa naissance, ce mouvement contestataire, et malgré les tentatives du makhzen de le noyer, continue de drainer quotidiennement les foules dans cette région berbère du nord du royaume.
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Heurts et grève
Hier vendredi, des heurts ont éclaté, entre des manifestants et les forces de l’ordre, dans la ville d’Imzouren, après la prière du vendredi. Une prière que les Rifains ont préféré accomplir dans des espaces publics en signe de boycott aux mosquées où des imams désignés par le makhzen officient, notamment après l’incident survenu vendredi 26 mai, qui a conduit à l’exacerbation des tensions et l’arrestation de Nasser Zefzafi, leader de la contestation, d’après des photos partagées sur les réseaux sociaux.
Selon Telquel, les incidents d’Imzouren étaient émaillés par des violences. Des jeunes rifains, qui tentaient d’accéder à la place Massira, ont jeté des pierres sur les policiers qui ont riposté, par des jets de bouteille de verre et de pierres. Les policiers antiémeutes ont utilisé aussi des canons à eau et des véhicules pour disperser les manifestants, d’après le même média.
Les heurts d’Imzouren interviennent alors qu’une grève générale de trois jours est observée dans toute la province, à l’appel de Nabil Ahmajik, n°2 du « Hirak » à Al Hoceima, selon le Desk. Cette grève a été largement suivie jeudi 1er juin, affirme France24.
Solidarité et craintes
Pendant ce temps, l’élan de solidarité avec le Rif ne cesse de s’étendre et prend plusieurs formes. Sur les réseaux, des vidéos, publiées ces derniers jours, montrent des citoyens marocains en train de brûler leurs pièces d’identité pour dénoncer la répression et le sort réservés à cette région par l’État marocain.
Cette répression commence à susciter, d’ailleurs, l’inquiétude des ONG internationales. Vendredi, Amnesty international a exprimé son inquiétude après « les arrestations massives » dans la région du Rif.
« Les autorités marocaines ont mené une vague d’arrestations contre des dizaines de manifestants, militants et blogueurs, dans le Rif, au nord du Maroc, au cours de la dernière semaine, après des mois de manifestations pacifiques », a indiqué un communiqué de l’ONG basée à Londres citée le site marocain article19.
D’après Amnesty international, certains détenus ont été empêchés de voir leurs avocats pendant leur garde à vue. Certains « portent des marques visibles de blessure », selon des avocats cités par l’organisation.
L’ONG « craint que cette vague d’arrestations ne soit une tentative délibérée de punir les manifestants du Rif après des mois de dissidence pacifique. Il est essentiel que les autorités marocaines respectent le droit à la liberté d’expression et de réunion ».
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