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Maroc : les prix du gaz butane, un produit largement utilisé, s’envolent

Nouvelle mesure du gouvernement marocain qui risque d’être mal accueillie par la population dont le pouvoir a été considérablement affaiblie par les hausses successives des prix des produits de base.

À partir de ce lundi 20 mai, les prix des bouteilles de gaz butane s’envolent conséquemment à l’entrée en vigueur d’une mesure qui prévoit la levée progressive de la subvention de cette énergie.

L’annonce a été faite dimanche 19 mai par le ministère de l’Économie et des Finances du gouvernement de Aziz Akhannouch, via la direction de la concurrence, des prix et de la compensation : à partir de ce lundi, le gouvernement opère une « décompensation de la subvention du gaz butane ».

Quel est le prix d’une bombonne de gaz butane au Maroc ?

La mesure est contenue dans la Loi de finances 2024. Le gouvernement marocain explique dans son communiqué que cette décompensation entre dans le cadre de la réforme du système de subvention des prix de gaz butane qui comprend la mise en place d’un programme d’aide sociale directe qui a touché, jusqu’à avril dernier 3,6 millions de familles marocaines. Aziz Akhannouch veut un meilleur ciblage des ménages éligibles à l’aide sociale.

La nouvelle mesure se traduit, selon la presse marocaine, par une hausse immédiate des prix des bouteilles de gaz butane. Une augmentation de 2,5 dirhams pour la bombonne de 3 Kg et de 10 dirhams pour celle de 12 Kg, détaille le site Yabiladi.

Avec une bombonne de gaz de 12 kg à 50 dirhams (4,65 euros, près de 700 dinars algériens), Maroc Hebdo s’interroge pour sa part si cette hausse ne va pas générer celle d’un autre produit de base, le pain. Le taux de pénétration du gaz de ville au Maroc est très faible et la bombonne de gaz butane reste largement utilisée dans le royaume.

Maroc : l’augmentation des prix du gaz butane risque d’aggraver l’inflation

Cette augmentation aura un impact significatif sur le coût de production d’autres produits au Maroc, redoute également L’Economiste.ma. « Car une augmentation de leur prix (gaz) affecterait le coût de production des légumes et des fruits », explique le journal spécialisé.

Dans le sillage de la crise politique entre les deux pays et la rupture de leurs relations diplomatiques en août 2021, l’Algérie a fermé le gazoduc Maghreb – Europe (GME) qui la relie à l’Espagne via le Maroc.

Le royaume prélevait chaque année comme droit de passage du gazoduc sur son territoire quelque 700 millions de mètres cubes de gaz. L’Algérie a ensuite exigé de l’Espagne de ne pas revendre au Maroc le gaz qu’elle lui fournit via l’autre gazoduc, le Medgaz.

Inquiétudes sur l’impact de la mesure

Le Maroc est l’un des pays les plus touchés par les retombées économiques de la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Le pays a connu une inflation à deux chiffres ayant touché notamment les prix des produits alimentaires et ceux des carburants. Ces hausses généralisées avaient donné lieu à de nombreux mouvements de protestation dans le pays.

Le taux d’inflation est certes actuellement au plus bas depuis 2021, mais cela « n’a pas entraîné de baisse significative du niveau des craintes des familles face à la hausse des prix des matières premières alimentaires », ajoute l’Economiste.

Cette augmentation des prix du gaz butane, une énergie largement utilisée au Maroc, est susceptible d’aggraver la situation, redoutent les observateurs. On ne peut pas dire que le gouvernement Akhannouch a bien choisi le timing pour lever la subvention du prix du gaz butane.

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