Le procès controversé d’Abdelali Hamieddine, un haut responsable du Parti justice et développement (PJD, islamiste) qui mène la coalition gouvernementale au Maroc, s’est ouvert mardi à Fès (nord).
Le procès a débuté en présence de dizaines de personnes –des soutiens de la partie civile et du dirigeant islamiste– et un important dispositif policier était mobilisé aux abords de la Cour d’appel, ont rapporté des médias locaux. Le procès a rapidement été ajourné et reporté au 12 février, selon des médias marocains.
Abdelali Hamieddine est poursuivi dans une affaire pour laquelle il avait déjà été jugé en 1993: des affrontements entre étudiants islamistes et de gauche avaient à l’époque entraîné la mort d’un de ces derniers, Mohamed Ait Ljid.
Le haut responsable islamiste, alors étudiant, fut condamné à deux ans de prison pour « participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort ».
En juillet 2017, des proches de la victime ont déposé une nouvelle plainte devant le juge d’instruction, qui a décidé en novembre dernier de poursuivre le responsable islamiste avec requalification des faits, selon le site d’information Médias 24.
« Ce procès n’a pas lieu d’être. Hamieddine a déjà été jugé et cette décision judiciaire est définitive », a argué mardi un de ses avocats, Abdessamad Idrissi, peu avant l’ouverture du procès.
« Selon les principes élémentaires du droit, on ne peut condamner une personne à deux reprises » pour les mêmes faits, a-t-il noté.
« Il faut laisser la justice faire son travail », a rétorqué l’un des avocats de la partie civile, Jaouad Benjelloun Touimi.
Le PJD a exprimé son « soutien unanime » à M. Hamieddine, alors que le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani, issu du PJD, a qualifié d' »incompréhensible » la décision du juge d’instruction.
Le ministre de la Justice Mustapha Ramid, une autre figure du PJD, a remis en question l’indépendance de la justice, soulevant un tollé chez les magistrats. Plusieurs associations de magistrats ont dénoncé des « dépassements » et une « surenchère politique ».