La justice marocaine a condamné jeudi un des avocats du mouvement de protestation dans le Rif (nord) à 20 mois de prison ferme, une première depuis le début du Hirak en octobre 2017.
Me Abdessadek El Bouchtaoui, avocat et membre du Comité de défense des détenus d’Al-Hoceïma, a été condamné par le tribunal de première instance de cette ville pour « incitation à commettre des crimes et délits », « incitation à participer à une manifestation non autorisée », ou encore « outrage à des fonctionnaires », a-t-il indiqué à l’AFP.
L’avocat, qui a également écopé d’une amende de 500 dirhams (45 euros), a précisé qu’il « fera sans doute appel » de ce jugement.
Très actif sur les réseaux sociaux, Me El Bouchtaoui dénonçait fréquemment les « procès inéquitables » des activistes du Hirak ou encore les « violations des droits de l’Homme » dans la région du Rif depuis le début de la contestation.
« J’ai été condamné pour mes publications dénonçant la réaction des autorités face à des manifestations pacifiques et les arrestations dans les rangs des manifestants », a poursuivi cet avocat.
« Ce jugement fait suite à une série de pressions visant à me faire taire », a-t-il dénoncé, précisant qu’il restait en liberté jusqu’à confirmation de la peine en appel ou à la cour de Cassation.
Le Hirak a agité la région du Rif pendant plusieurs mois pour réclamer son désenclavement. Les autorités ont arrêté plus de 400 personnes, et des dizaines de peines de prison ont été prononcées.
Le leader de la contestation, Nasser Zefzafi, et 53 co-accusés sont jugés depuis plusieurs semaines à Casablanca. Les prévenus sont poursuivis notamment pour « atteinte à la sécurité de l’Etat ».