Le pouvoir marocain continue à sévir contre ceux qui contestent la normalisation, critiquent Israël ou apportent leur soutien au peuple palestinien. Un autre militant du mouvement appelant au boycott d’Israël vient d’être condamné à de la prison ferme.
Le Maroc a normalisé ses relations avec l’État hébreu en décembre 2020. Après le début de l’agression de l’armée israélienne contre la bande de Gaza en octobre 2023, les autorités marocaines se sont retrouvées dans une posture inconfortable, avec une opinion publique résolument pro-palestinienne et qui l’a fait savoir à travers des actions de rue imposantes.
Pour étouffer les voix pro-palestiniennes, le gouvernement marocain a eu recours à la répression. Plusieurs militants du mouvement contre la normalisation ont été lourdement condamnés par la justice.
Le dernier en date est Ismail Ghazaoui, militant du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël (BDS). Ghazaoui, ingénieur agronome de 34 ans, a été condamné mardi 10 décembre à un an prison ferme par le tribunal correctionnel de première instance de Casablanca, rapporte le site marocain Yabiladi.com.
Le militant était poursuivi pour « incitation à commettre des crimes ». La justice lui reprochait sa participation à une manifestation en soutien au peuple palestinien et contre la normalisation.
Maroc : la répression s’abat sur les militants pro-palestiniens
Selon le même média, Ismail Ghazaoui avait déjà été interpellé le 25 octobre dernier sur son chemin vers le consulat des États-Unis à Casablanca, où il envisageait de prendre part à un sit-in pour dénoncer le soutien des États-Unis au génocide que commet Israël à Gaza. Il avait été toutefois vite relâché.
Néanmoins, il a été convoqué le 19 novembre par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca, qui l’a placé en garde à vue. Le procureur a ordonné sa détention.
Il s’agit d’une « criminalisation du devoir humanitaire de soutenir les droits légitimes du peuple palestinien », a dénoncé le mouvement BDS.
Pour le mouvement, la condamnation à de la prison ferme du militant Ismail Ghazaoui, est une « atteinte flagrante à la liberté d’expression et une tentative honteuse de faire taire les voix libres au Maroc ».
D’autres militants avaient écopé de peines encore plus lourdes. En août 2023, Saïd Boukioud, un activiste marocain contre la normalisation, a été condamné à 5 ans de prison ferme à son retour du Qatar où il était installé. Boukioud était poursuivi pour des publications sur les réseaux sociaux dans lesquelles il dénonçait la normalisation avec Israël « d’une manière qui pourrait être interprétée comme une critique visant le roi », avait indiqué son avocat.
En avril dernier, Abderrahmane Azenkad, membre du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation (FMSPCN), avait écopé également de cinq ans de prison ferme pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux la normalisation et la position du Maroc par rapport à l’agression israélienne contre la bande de Gaza.
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