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Maroc : un ex-chef de gouvernement parle de « guerre » avec l’Algérie

L’Algérie et le Maroc n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis août dernier. La décision de rupture a été prise par Alger suite à une série d’actes hostiles et de provocations de Rabat.

Plus de trois mois après, la tension entre les deux pays est à son paroxysme à cause de l’assassinat de trois Algériens par l’armée marocaine à la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie, le 1er novembre, et la signature d’un protocole de coopérations militaires avec Israël à l’occasion de la visite du ministre israélien de la Défense au Maroc, fin novembre.

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Parallèlement, les dérapages verbaux de certains responsables marocains se poursuivent et certains n’hésitent pas à évoquer la « guerre » contre l’Algérie. C’est le cas de l’ancien chef de gouvernement (2011-2017) Abdelilah Benkirane.

S’exprimant dans une vidéo du parti qu’il préside, le Parti de la justice et du développement (PJD), hier samedi 4 décembre, Benkirane a mis en garde l’Algérie contre « l’escalade », indiquant que « le Maroc n’est pas facile et sa vengeance n’est pas facile ».

« Vous avez consacré pendant 45 années du pétrole à vous attaquer au Maroc. C’est une injustice, je vous conseille de revenir à la sagesse et à Dieu », lance-t-il dans des propos rapportés par le 360.ma.

L’intervention de Benkirane cadre avec le double jeu du roi Mohamed VI  dans sa relation avec l’Algérie et qui consiste à jouer la victime tout en multipliant les actes provocateurs.

Elle survient après que des soldats marocains aient confié à i24news leur disponibilité à combattre contre l’Algérie, et ce lors de la visite du ministre israélien de la Défense Benny Gantz au Maroc.

Le chef du parti islamiste évoque ensuite carrément l’éventualité d’une guerre entre les deux pays, mettant en garde les Algériens qu’ils ne la gagneront pas.

Frontières avec l’Algérie et accord avec Israël

« Si guerre il y a, nous sommes avec notre pays et notre Roi et vous n’allez pas gagner la guerre », a ajouté celui qui est revenu à la tête du PJD après sa cuisante défaite aux législatives de septembre dernier. Autre accusation retenue à l’égard des dirigeants algériens, celle d’insister sur le maintien des frontières fermées car, selon lui, « les Algériens aiment le Maroc ».

Parmi les griefs retenus au Maroc et dans le monde arabe au PJD, c’est d’avoir accepté la normalisation avec Israël alors qu’il dirigeait le gouvernement. Les accords de normalisation ont été signés en décembre 2020 par le chef du gouvernement de l’époque, Saad Eddine El Othmani.

Dans ce sens, Abdelilah Benkirane a reconnu que les relations entre le Maroc et Israël sont anciennes, elle ne datent pas d’aujourd’hui.

« Nous n’allons pas condamner notre pays. Nous sommes aux côtés de notre Roi et de notre pays, point à la ligne », a-t-il tranché, tout en tentant de faire croire aux « frères du Machrek » que le Maroc « ne lâchera jamais la cause palestinienne ».

Rappelant que le roi Hassan II a créé une taxe sur le tabac et le cinéma au profit de la cause palestinienne, Benkirane a indiqué que celle-ci est « une cause doctrinale », car, soutient-il encore, « les Marocains et les Palestiniens ont toujours été égaux et frères, unis dans le bonheur et le malheur »  et que « le roi Mohammed VI a toujours soutenu la cause palestinienne ».

Un discours qui ne passe pas après la signature d’un pacte militaire avec Israël, mais que le dirigeant islamiste n’hésite pas à tenir à la veille de la visite du président palestinien en Algérie. Une coïncidence ?

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