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Maroc : un journal dénonce “espionnage” et “pressions”

Le quotidien marocain indépendant Akhbar al-Yaoum, dont le directeur a été arrêté sur des accusations de “violences sexuelles”, a assuré mardi que des caméras avaient été placées dans ses locaux pour espionner les salariés en s’inquiétant de “pressions” pour l’incriminer.

Des “dispositifs d’espionnage” ont été placés dans les bureaux du quotidien à Casablanca (ouest) et certains journalistes ont “subi des pressions” pour porter plainte contre Taoufiq Bouachrine, qui fait face à des charges très graves, écrit le journal dans son édition de mardi.

Parmi ces “pressions”, des “menaces de diffusion de photos d’ordre privé”, affirme Akhbar al-Yaoum, qui s’inquiète d'”évolutions dangereuses” observées dans cette affaire.

Dans le long article signé de la rédaction, les instigateurs de ces méthodes supposées ne sont pas identifiés. “Les médias qui dérangent sont menacés, les journalistes espionnés et des photos relatives à leur vie privée peuvent être utilisées contre eux”, souligne le texte.

Taoufiq Bouachrine doit comparaître le 8 mars pour “traite d’êtres humains”, “violences sexuelles”, “abus de pouvoir à des fins sexuelles”, “viol et tentative de viol” et “attentat à la pudeur avec violence”. Il restera en détention jusqu’à son procès.

Bouachrine a été arrêté vendredi au cours d’une descente menée par une vingtaine de policiers dans les locaux du quotidien.

Les actes qui lui sont reprochés auraient été commis à l’encontre de huit plaignantes, selon le communiqué des autorités judiciaires marocaines qui fait état d’une cinquantaine d’enregistrements vidéo compromettants trouvés sur un disque dur et confisqués.

L’affaire a fait la une de plusieurs médias marocains et a suscité des salves de réactions, avec des avis très partagés.

Connu pour sa liberté de ton et sa proximité avec le Parti justice et développement (PJD, islamiste), M. Bouachrine a déjà connu des ennuis judiciaires. Il a été condamné il y a un mois à verser l’équivalent de 40.000 euros à deux ministres pour “diffamation”.

En 2009, il avait été condamné à quatre ans de prison avec sursis et à des dommages et intérêts pour la publication dans son journal d’une caricature jugée irrespectueuse envers la famille royale et le drapeau national.

Akhbar al-Yaoum (“Les informations du jour”) figure parmi les journaux les plus influents de la presse arabophone, notamment pour sa liberté de ton.

Les plaintes pour agressions sexuelles sont assez rares au Maroc, notamment quand elles visent des personnes publiques.

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