Un nouveau scandale retentissant éclabousse le football et la classe politique au Maroc. Après le président du Wydad de Casablanca, celui du Raja, l’autre grand club de la capitale économique du royaume, tombe à son tour.
Mohamed Boudrika, président du Raja Casablanca et d’un district de la même ville, a été arrêté mardi 16 juillet à Hambourg en Allemagne. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la justice marocaine.
En décembre dernier, le Maroc a été ébranlé par les révélations d’un trafiquant de cocaïne, dit le « Pablo Escobar » du Sahara.
Celui-ci avait entraîné dans sa chute de nombreuses personnalités publiques, dont Saïd Naciri, président du Wydad de Casablanca et membre de la direction du parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), qui fait partie de la coalition gouvernementale.
Naciri est poursuivi pour "trafic international de drogue« , »spoliation« , »blanchiment d’argent« , »faux et usage de faux« , »recel« et »abus de pouvoir". Il risque une très lourde peine de prison.
Quelques mois après, le président du Raja tombe à son tour. Mohamed Boudrika, 41 ans, a fait l’objet en décembre dernier d’une condamnation à 4 ans de prison avec sursis et une amende de 8,8 millions de dirhams (880.000 dollars) pour émission de chèques sans provision pour plus de 93 millions de dirhams (9,3 millions de dollars). En mars dernier, il a écopé d’une année avec sursis et 232.000 dirhams (23.200 dollars) d’amende pour le même motif.
Mohamed Boudrika, président du Raja de Casablanca, arrêté en Allemagne
Mohamed Boudrika serait aussi impliqué dans une affaire d’escroquerie immobilière, selon le 360.ma. Se trouvant à l’étranger, il n’est pas rentré au Maroc de peur d’être arrêté, indiquent des sources médiatiques locales.
Selon le même site, il s’est rendu à Londres puis aux Émirats, avant de tenter d’entrer en Allemagne. Pendant toute cette période, il a continué à gérer le club du Raja à distance et son entourage a tenté de faire croire qu’il n’était pas poursuivi en justice et qu’il était à l’étranger pour des soins.
Mardi 16 juillet, il s’est rendu en Allemagne pour négocier avec l’entraîneur allemand du Raja de Casablanca, Josef Zinnbauer, le renouvellement de son contrat.
Arrivé à l’aéroport de Hambourg, il a été arrêté par la police locale qui lui a exhibé un mandat d’arrêt international émis par les autorités marocaines.
Selon le site Yabiladi, la justice allemande a confirmé que le mis en cause était en instance d’extradition. Le parquet de Hambourg a indiqué que Mohamed Boudrika est "détenu en attendant d’être livré aux autorités marocaines".
Si l’affaire fait autant de bruit au Maroc, c’est aussi parce que Boudrika est également président du conseil de l’arrondissement de Mers Sultan, un des plus importants de Casablanca. Il est aussi un cadre important du parti du Premier ministre Aziz Akhannouch, le Rassemblement national des indépendants (RNI).
Corruption au Maroc : les assemblées élues gangrénées
Cette affaire ternit davantage l’image de la classe dirigeante marocaine que ce soit en politique ou en sport. Elle survient au moment où une crise politique se profile au royaume avec des appels lancés pour l’organisation d’élections législatives anticipées dont les auteurs estiment que le gouvernement de Aziz Akhannouch a perdu la confiance du peuple à cause de la crise économique et sociale qui perdure.
Comme Saïd Naciri, Mohamed Boudrika, qui vient d’être remplacé à la tête du Raja par Adil Hala, pourrait entraîner d’autres têtes dans sa chute, estime-t-on au Maroc.
Ce nouveau scandale illustre l’ampleur prise par la corruption au Maroc où 12 % des parlementaires sont poursuivis en justice dont certains sont placés en détention provisoire pour des affaires liées aux détournements de deniers publics. Selon le360.ma, 20 % des élus marocains (parlementaires et élus locaux) font l’objet d’enquêtes pour corruption.