Au Maroc, une vidéo d’une femme giflant un agent du Makhzen tourne en boucle depuis plusieurs jours. L’affaire est désormais portée devant la justice et le procès reprendra mercredi prochain devant le tribunal de première instance de Témara. Voici ce qui s’est passé.
L’accusée est une MRE, Marocaine résidant au Canada et la victime est un caïd de la septième annexe administrative de la préfecture de Skhirat-Témara.
L’affaire a commencé lorsque la MRE, accompagnée de son frère et de son mari, a voulu récupérer des marchandises de son beau-frère, saisies dans le cadre d’une opération de libération du domaine public. Ces articles étaient exposés à la vente.
Maroc : une MRE gifle un agent du Makhzen et se retrouve devant la justice
Le jour de l’incident, la situation a dégénéré entre les membres de cette famille et le caïd. La MRE a été filmée donnant deux gifles au caïd, qui tentait de lui retirer le téléphone avec lequel elle filmait la scène.
Au Maroc, le caïd fait partie de la hiérarchie du Makhzen, une administration parallèle au système administratif. Dans chaque quartier, on trouve le mkadem, dont le rôle est par exemple de signaler l’arrivée des étrangers ou tout comportement susceptible de menacer la monarchie.
Selon un connaisseur de l’organisation du Makhzen, le mkadem rend compte au caïd qui contrôle un certain nombre de quartiers. Le caïd transmet à son tour ses rapports au bacha, qui chapeaute cette organisation parallèle. Et c’est ce dernier qui transmet les rapports à la DGSN.
Lors de cette affaire, qui a fait couler beaucoup d’encre au Maroc, la MRE, son frère, son époux et son beau-frère, avaient été interpellés et déférés devant le parquet compétent, qui a décidé de les poursuivre en état de détention.
Ils sont notamment accusés de s’être rendus à plusieurs reprises au siège de la septième annexe administrative, en harcelant les agents des forces auxiliaires et les fonctionnaires afin de récupérer leurs affaires, rapporte le site d’information Bladi.
La défense de l’accusée conteste le certificat médical présenté par le caïd
Lors de la première audience au tribunal, la MRE a insisté sur le fait qu’elle ne connaissait pas l’identité du caïd lorsqu’elle a été poussée par celui-ci, ce qui aurait entraîné les deux gifles qu’elle lui a données.
Comme preuve de la violence dont il a été victime, le caïd a présenté un certificat médical attestant d’une incapacité physique d’une durée de trente jours. Toutefois, la défense de l’accusée a décidé de contester ce certificat lors de la prochaine audience, prévue mercredi prochain.
Selon Le 360, la défense compte également ordonner une contre-visite médicale, car la vidéo ayant enregistré l’incident ne montre ni blessure ni écoulement de sang. Elle compte aussi demander une nouvelle expertise médicale et pourrait citer le médecin qui a délivré le premier certificat.
Les avocats affirment que l’accusée a aussi été victime de violence et que la séquence de la gifle ne reflète pas toute la situation. Les procès-verbaux dressés en la circonstance par la police judiciaire de Témara seront aussi remis en cause par la défense, selon le même média.