Rafles, violences et déplacements forcés: un rapport publié vendredi par le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem) dresse un tableau noir des opérations de déplacements de migrants subsahariens menées par les forces de l’ordre marocaines.
Lors de ces opérations “régulièrement menées” dans le nord du royaume, quelque 6.500 migrants, dont 121 mineurs, 17 bébés et 12 femmes enceintes, ont été arrêtés entre juillet et début septembre, et déplacés de force, dans des bus, vers le sud du pays, selon le rapport de cette ONG marocaine.
Avec l’objectif de les “éloigner le plus loin possible des zones frontalières”, des demandeurs d’asile, des détenteurs d’un visa valide, voire des migrants régularisés, ont été arrêtés et déplacés vers le sud, sur “la base de leur couleur de peau”, précise la même source.
“Aucun mandat d’arrêt ou autre document officiel prouvant que ces opérations entrent dans le cadre d’une enquête judiciaire n’ont été présentés aux personnes ciblées”, fustige le Gadem.
Les autorités, elles, assurent vouloir lutter contre les réseaux mafieux de passeurs et affirment que les opérations de “réinstallation” sont menées dans un cadre légal, pour éloigner les migrants “des zones vulnérables”.
Amnesty international a dénoncé le 7 septembre une “répression d’envergure”, qualifiée de “cruelle et illégale”, en exhortant le gouvernement marocain à “mettre fin à ces arrestations discriminatoires”.
Autrefois simple pays de transit, le Maroc est progressivement devenu pays d’accueil, à la faveur d’une nouvelle politique migratoire adoptée en 2013.
Depuis la fermeture progressive des routes orientale (Turquie-Grèce) et centrale, via la Libye (ou la Tunisie) et l’Italie, la pression migratoire s’est accrue au Maroc et les réseaux de passeurs se sont “repositionnés” sur le littoral nord du pays, selon les autorités marocaines.
Depuis début 2018, l’Espagne a enregistré plus de 38.000 arrivées par voie maritime et terrestre, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les autorités marocaines évoquent, de leur côté, 54.000 tentatives de passage avortées depuis janvier.
Les Marocains sont eux aussi de plus en plus nombreux à tenter cette périlleuse traversée. Mardi, la marine royale a ouvert le feu sur une embarcation rapide transportant des Marocains, faisant un mort et trois blessés.