Politique

Me Bachir Mechri : « Benhadid est victime de l’ancien régime »

Me Bachir Mechri est l’avocat du général à la retraite Hocine Benhadid, qui a été placé sous mandat de dépôt dimanche dernier par le juge d’instruction du Tribunal de Sidi M’hamed.

Le procès en appel du général à la retraite Hocine Benhadid concernant l’affaire remontant à 2017 devant s’ouvrir, aujourd’hui au tribunal de Sidi M’hamed, n’a pas eu lieu. Pourquoi ?

C’est l’ancienne affaire au cours de laquelle il a été libéré en juillet 2016. Il y a eu une ordonnance d’envoi. En 2017, on avait fait appel contre le jugement d’un an de prison avec sursis. Normalement, dans le cas d’espèce, l’affaire devait être jugée dans les 15 à 20 jours. Dans notre cas, c’est deux ans. Cette affaire programmée pour aujourd’hui n’est finalement pas passée, car Benhadid est en prison et on ne peut juger un détenu par défaut. L’affaire est donc renvoyée pour le 19 juin prochain.

Et s’agissant de l’affaire inhérente à la lettre ouverte que Benhadid a adressée à Gaid Salah, avez-vous fait appel contre l’ordonnance du mandat de dépôt ?

Oui, j’ai fait appel contre l’ordonnance du mandat de dépôt, le lendemain de son arrestation, soit le lundi dernier. Le juge va envoyer le dossier au parquet général qui va l’enrôler. Mais dans cette affaire, je ne pense pas que ce soit Gaid Salah qui a donné ordre d’arrêter Benhadid.

Alors qui a ordonné l’arrestation de Benhadid ?

C’est l’ancien régime.

Vous parlez de qui exactement ?

Je parle de ceux qui s’attachent coûte que coûte à l’application de l’article 102 de la Constitution. C’est-à-dire ceux qui ambitionnent de rester dans une solution Constitutionnelle à la crise actuelle. Toute personne qui souhaite aider le chef d’état-major pour trouver une véritable sortie de crise au travers d’une solution politique, elle devient la cible des partisans de l’ancien régime. Je pense au regard des éléments en ma possession que c’est le parquet général qui s’est mis en mouvement seul et automatiquement dans l’affaire de Benhadid. Ce n’est pas Gaid Salah qui leur a donné l’ordre, mais ce sont les magistrats qui se sont auto-saisis.

Mais pourquoi ? Et dans quels objectifs ?

Parce que ceux de la Direction de la sécurité intérieure se sont bien comportés avec lui et l’ont bien traité. Mais ceux qui ont fait mal à Benhadid, ce sont les magistrats.

Qui a donné l’ordre au parquet d’arrêter Benhadid ?

Le parquet général peut se mettre en mouvement tout seul. Car il détient entre ses mains l’action publique. Il n’a pas besoin de recevoir un ordre pour s’auto-saisir d’une affaire, il le fait de lui-même. Il y a eu des cas autrement plus dangereux que celle de Benhadid, mais le parquet ne s’est pas auto-saisi. Il ne l’a fait que dans le cas de Benhadid.

Qu’est ce qui a motivé alors le parquet général ?

Le parquet général et le juge d’instruction ont voulu être plus royalistes que le roi. C’est-à-dire qu’ils ont voulu montrer qu’ils sont là et qu’ils sont vigilants.

Quel rapport entre le parquet général et l’ancien régime ?

Et bien l’appareil judiciaire, c’est l’ancien régime. Il n’y a pas de nouveau régime. Nous sommes toujours dans l’ancien : Bensalah c’est l’ombre d’Abdelaziz Bouteflika et Bedoui, c’est l’ombre de Said Bouteflika. Le seul qui sort du cadre de l’ancien régime, c’est bien Gaid Salah. Sinon tous appartiennent à l’ancien régime y compris les magistrats et nous sommes actuellement gouvernés par l’ancien régime. Avez-vous vous quelqu’un de nouveau ? Et Bouteflika a mis des bombes à retardement partout. Et chacune à son propre timing pour éclater.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Tout le monde sait que Benhadid est malade et est pratiquement hémiplégique et parle difficilement et en dépit de cela, ils l’ont jeté en prison. C’est une ruse de l’ancien régime en rapport avec l’option de Benhadid qui a proposé une solution politique et pacifique à la crise du pays. Et vous verrez dans au plus tard un mois, c’est la solution proposée par Benhadid qui sera à l’ordre du jour et qui sera appliquée. Et tout va changer et tout le monde partira y compris Bedoui.

Mais Said et Abdelaziz Bouteflika ne sont plus en poste. Comment cela fait-il que des magistrats agissent avec les méthodes d’antan ?

Mais, il s’agit d’une culture.

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