Me Mustapha Bouchachi a salué lundi soir les appels répétés du chef d’état-major de l’armée le général Ahmed Gaid Salah à appliquer les articles 7, 8 et 102 de la Constitution, qui prévoit la destitution du chef de l’Etat.
« Le MDN parle de l’application de l’article 102 mais aussi de l’article 8, nous saluons ce communiqué qui va dans le sens du mouvement populaire », a déclaré Me Bouchachi dans une vidéo publiée lundi soir sur Facebook.
« Il (Gaid Salah) a dit qu’il faut que dans toutes les décisions futures soient prises en compte les volontés du peuple », a poursuivi l’avocat, affirmant que « l’armée a pris partie pour le peuple ».
Mustapha Bouchachi, une des personnalités plébiscitées par le mouvement populaire depuis le 22 février, s’est toutefois interrogé si « ce ne sont que des communiqués », avant de demander « des actes, de vraies mesures allant dans le sens de l’application des articles 7 et 8, avec une période de transition dans laquelle le peuple sera souverain ».
« J’espère que très bientôt, nous aurons d’autres actions liées à l’application des articles 7 et 8 de la Constitution », a ajouté à ce sujet Me Bouchachi, visiblement confiant dans les prises de position de Gaid Salah.
Hostile au gouvernement Bedoui
Tout en saluant les appels de Gaid Salah, l’avocat s’est montré hostile au nouveau gouvernement Bedoui, dont la composition, très contestée par les Algériens, a été annoncée dimanche soir.
« Les Algériens et Algériennes ont été surpris par le décret de formation de ce gouvernement », a-t-il dit, « ajoutant que beaucoup sont allés commenter à propos de certains membres de ce gouvernement ». « Je n’irai pas dans ces détails mais nous sommes d’accord que ce système ne peut former un gouvernement qui organisera les prochaines élections ».
Me Bouchachi n’a pas épargné le premier ministre Bedoui. « Dans le décret il est dit que c’est un gouvernement de gestion des affaires courantes mais ce n’est pas le cas, le danger est que M. Bedoui, qui a truqué les élections depuis qu’il a été nommé ministre de l’Intérieur, sera celui qui organisera les prochaines élections dans un délai de trois mois », a-t-il averti.
« Le peuple algérien dit que le pouvoir ne peut pas former un gouvernement qui gère notre avenir, qui crée une commission d’organisation ou de surveillance des élections. Les expériences du passé nous ont appris que nous ne pouvons pas nous fier à ce système politique », a tancé Me Bouchachi.
La formation du gouvernement Bedoui est « un non-événement » que les Algériens « ne peuvent accepter dans cette période difficile que traverse l’Algérie », selon Me Bouchachi.
L’avocat a parlé de « ruse » qui « n’a pas pris sur nous parce que le but d’un décret de formation d’un gouvernement et l’annonce de la démission du président feront qu’aucune partie ne pourra former de gouvernement ni remanier le gouvernement existant ». En formant ce gouvernement, les tenants actuels du pouvoir « veulent la continuité du système », a-t-il expliqué, insistant sur « le refus dans la forme et dans le fond » de ce gouvernement, « sans discuter du niveau ou de la puissance de ses membres ».
Une période de transition avec « un président ou une présidence de plusieurs personnes »
« Le communiqué de la Présidence d’aujourd’hui qui dit que le président démissionnera avant le 28 avril. je dis que le président est absent et que Dieu le guérisse, mais les Algériens n’ont pas entendu le président, ils ne savent pas dans quel état il est mais il est sûr que les personnes qui l’entourent, qu’ils occupent des postes ou non, sont ceux qui agissent en son nom et au communiqué émis au nom de la présidence disant qu’il prendra des décisions importantes à l’avenir. nous répondons que le peuple algérien ne veut pas qu’ils prennent aucune décision importante », a déclaré Me Bouchachi.
Pour l’avocat, « le peuple algérien qui est sorti le 22 février a prouvé au monde entier qu’il est capable d’organiser cette période de transition ». Quant à savoir qui présidera cette période de transition, Mustapha Bouchachi a expliqué qu’il « peut y avoir un président (individuel) ou un groupe (instance présidentielle ) et un gouvernement formé au terme de discussions élargies qui rassurera les Algériens ». Le rôle de ce gouvernement « ne sera pas de gouverner » mais « d’organiser les élections pour que le peuple soit écouté et voie ses revendications satisfaites ».
« Nous ne leur permettrons pas qu’ils décident de notre avenir, nous ne permettrons pas à leur gouvernement d’organiser les élections », a averti l’avocat, invitant à « la poursuite » du mouvement populaire et au maintien de son caractère pacifique. « Notre seul moyen est le pacifisme, la poursuite des manifestation » et réfléchir à l’avenir à d’autres moyens (de militer) », a-t-il expliqué.
« Nous allons continuer jusqu’à la victoire, nous allons poursuivre nos marches pacifiques et réfléchir collectivement à d’autres moyens pour essayer d’empêcher ce pouvoir de nous voler notre révolution pacifique », a affirmé Me Bouchachi, affirmant qu’il est « convaincu » que « chacun est conscient de sa responsabilité ».