L’avocat Mustapha Bouchachi a dénoncé, ce dimanche 29 septembre, les violations du Code de procédure pénale ayant enveloppé l’interpellation et la détention du militant politique Karim Tabbou et d’autres citoyens, estimant que « ce n’est pas de cette façon que le pouvoir va convaincre les récalcitrants à aller aux urnes ».
Karim Tabbou a été placé une nouvelle fois jeudi soir en détention provisoire par le tribunal de Sidi M’hamed après avoir interpellé tôt le matin par les services de sécurité, sans que sa famille ne sache où il se trouve pendant plus de 24 heures. Il était poursuivi pour « atteinte au moral de l’armée » par le tribunal de Kolea, à Tipaza.
« Nous sommes devant une violation du Code de procédure pénale. Une simple convocation aurait suffi. Il en est de même pour Karim Tabbou. Il venait d’être mis en liberté conditionnelle et, quelques heures après, des agents en civil se présentent à 8h30 pour l’emmener vers une destination inconnue », indique ce dimanche son avocat Mustapha Bouchachi dans un entretien accordé El Watan.
« Vingt-quatre heures après, nous n’avions pas pu déterminer où il se trouvait. Pendant ce temps, imaginez dans quel état était sa famille. Il y a eu violation de l’article 51 du Code de procédure pénale, qui donne droit aux personnes arrêtées d’informer leurs familles ou leurs avocats de l’endroit où elles sont et pourquoi elles sont arrêtées », affirme Me Bouchachi.
« Il a fallu que je fasse la tournée des tribunaux de Koléa, puis de Bir Mourad Raïs, puis celui de Sidi M’hamed, pour que je sois informé qu’il a comparu, jeudi soir, devant cette juridiction. Pourquoi le tribunal n’informe pas l’opinion publique, comme il le faisait avec les ministres ? La famille de Tabbou a été livrée à l’inquiétude et à l’angoisse, alors qu’elle avait le droit de connaître tout ce qui concerne la procédure, depuis l’arrestation jusqu’à la comparution devant le tribunal… », explique l’avocat.
« Karim Tabbou a été arrêté jeudi dernier chez lui à Douéra. Légalement, la police judiciaire aurait dû informer le parquet de Koléa. Or, lorsque j’ai pris attache avec lui, il m’a affirmé qu’il n’était pas au courant », relate Me Mustapha Bouchachi, ajoutant que « ce n’est que vendredi, en fin de matinée, que j’ai appris que Tabbou avait été déféré devant le tribunal de Sidi M’hamed, jeudi en fin de journée, puis placé en détention ».
« Le parquet de Koléa et la famille auraient dû être informés de ce qui lui est arrivé et surtout où il était et pour quelle affaire il a été arrêté », affirme l’avocat. « Je ne connais pas les griefs, ce qui est anormal. La situation est inquiétante. Le système en place veut aller vers des élections avec des procédés en violation de la loi », ajoute-t-il encore.
« On prétend vouloir aller vers des élections pour une démocratie, mais ces procédés n’inspirent pas confiance et ne cadrent pas avec cette volonté affichée d’aller vers un Etat de droit. Je suis peiné par ce qui arrive à l’Algérie », déplore Me Bouchachi, estimant « certain que ces pratiques illégales ne sont certainement pas pour apaiser le climat qui favorise la tenue des élections ». « Je pense que le pays glisse progressivement vers une situation de non-droit », affirme également l’avocat.
« Ces procédés n’honorent nullement le pays et ne peuvent en aucun cas apaiser les esprits ou aider à faire sortir l’Algérie de la crise. Ce n’est pas de cette façon que le pouvoir va convaincre les récalcitrants à aller aux urnes. Bien au contraire. Il ne fera que renforcer leur opposition au scrutin », conclut Me Bouchachi.