En décidant, au milieu des années 2000, de lancer un site internet d’information de proximité dédié à la région de Djelfa, Belgacem Khaldi, un jeune ingénieur de la région, ne se doutait pas qu’il allait donner vie à un média qui figurera parmi les plus suivis du pays.

Mine de rien, Djelfa.Info, c’est aujourd’hui 2 millions de visiteurs uniques par mois. Avant, les chiffres étaient bien supérieurs. « Notre audience est en baisse à cause de la concurrence des réseaux sociaux, Facebook en tête. Il nous est arrivé d’atteindre six millions de visiteurs uniques par mois, avec un pic de 21 000 connexions simultanées », révèle M. Khaldi.

Djelfa.Info n’est pourtant pas pionnier en la matière. Quelques villes algériennes s’étaient dotées de sites de proximité et Khaldi ne cache pas qu’il s’en était inspiré. Le succès sera vite au rendez-vous. Djelfa.Info montera jusqu’à figurer dans le top 3 des sites d’information les plus visités en Algérie.

La recette ? Des facteurs objectifs d’abord. Djelfa, située au cœur des Hauts plateaux, est l’une des wilayas les plus peuplées du pays avec une population de plus de 1,3 millions d’habitants. Hormis une station de radio, la région ne dispose d’aucun autre média local. Les grands journaux nationaux et les chaînes de télévision n’accordent que peu d’intérêt à l’intérieur du pays. Le terrain était donc propice tant qu’il y avait une soif d’information et d’expression à étancher, pas seulement à Djelfa, mais dans toute la région des Hauts-plateaux.

L’abnégation et le sérieux de l’équipe fera le reste. On mise sur les informations de proximité fournies par un réseau de correspondants à travers la wilaya. Les deux versions du site, arabe et français, connaîtront un succès fulgurant. Mais le Graal fut sans doute le lancement d’un forum de discussion, ouvert à tous. L’audience explose et des pics sont régulièrement enregistrés notamment lors d’événements comme l’annonce des résultats des examens scolaires des différents paliers.

« La wilaya de Djelfa figure souvent en bas du classement des wilayas en matière de résultats scolaires, surtout au bac. Nous essayons d’ouvrir le débat pour comprendre les raisons de cette situation et donner l’occasion aux gens de faire des propositions. Beaucoup s’expriment à travers le Forum, pas uniquement sur l’éducation, mais sur beaucoup d’autres sujets », explique le directeur du site.

Le Forum est suivi même à l’étranger et, en 2012, il reçoit le prix du meilleur forum lors d’un concours organisé par le ministère de la Communication et l’École nationale d’informatique de Oued Semar. La modération est prise en charge par une vingtaine de bénévoles, le site n’ayant pas les moyens d’engager du personnel. Car paradoxalement, Djelfa.Info ne roule pas sur l’or, malgré sa forte audience.

« On avait cinq employés permanents, entre rédacteurs et techniciens, mais faute de moyens, l’équipe est aujourd’hui réduite à deux éléments seulement », regrette Khaldi qui, lui-même, exerce comme bénévole, étant en parallèle enseignant de génie électrique à l’université de Djelfa. La wilaya, à vocation agro-pastorale, ne dispose pas d’un tissu industriel solide et les gros annonceurs du pays ne sont pas attirés par ce support. « Nous avons fait plusieurs démarches, en vain. Nous avons même lancé notre propre régie publicitaire mais ça n’a pas marché. Quant aux régies étrangères qui sous-traitent pour les géants mondiaux d’Internet, elles nous imposent des tarifs dérisoires qui nous permettent à peine de couvrir les frais d’hébergement du site », se désole-t-il.

Néanmoins, Belgacem Khaldi ne s’avoue pas vaincu et ne fait pas que maintenir le site en vie. Malgré tout, Djelfa.info demeure l’un des sites les plus suivis du pays.