« L’année prochaine, on vendra des sandwichs ». Ce commentaire désabusé émane d’un pharmacien d’Alger, agacé par les pénuries à répétition qui touchent le secteur. Nombre de médicaments –on parle de 200– sont actuellement en rupture de stock, ce qui fait que l’activité tourne au ralenti.
Selon ce pharmacien, qui préfère rester dans l’anonymat, il est même difficile de faire une liste exhaustive des médicaments qui manquent dans les pharmacies. Il cite : Immurel, utilisé en cas de transplantation d’organe, ou encore Skiacol, prescrit souvent par les ophtalmologues, Isoket, Travatan, Aprovasc, Colpoltrophine, Auricularum, Tanganil, Atropine… Et la liste est longue.
En fait, la pénurie est devenue un problème récurrent. « On s’est tellement habitué qu’on ne cherche plus les causes », lance un autre pharmacien d’Alger. Et d’ajouter : « Parfois, sur une ordonnance, on ne délivre que 30% des médicaments prescrits ».
Jamais chez le même pharmacien
D’autre médicaments, même s’ils ne sont pas en totale rupture de stock sont difficiles à trouver. C’est le cas, assurent nombre de pharmaciens, de Tardyferon, de Ventoline, de Metoxane de Forlax ou encore des bandelettes de test de glycémie autour desquelles une polémique a été récemment déclenchée par une déclaration imprudente du ministre du Travail.
Cette rareté fait qu’il faut parfois faire plusieurs pharmacies pour trouver tous les médicaments d’une ordonnance, ce qui n’est pas fait pour arranger ni les pharmaciens ni les usagers de la carte chiffa.
En effet, la règle veut que le pharmacien garde l’ordonnance grâce à laquelle il peut se faire rembourser. L’usager de la carte Chiffa, lui, doit parcourir un maximum de pharmacies au risque d’acheter des médicaments qu’il ne pourra pas rembourser faute d’ordonnance – qu’il a laissée chez le premier pharmacien.
« C’est un réel casse-tête ! », se plaint un pharmacien. « Quand ce n’est pas tous les médicaments qui sont disponibles, les clients repartent sans acheter. Et c’est tout à fait compréhensible », ajoute-t-il.
Selon la Fédération nationale du médicament (FAM), « les restrictions appliquées en amont sur les autorisations d’importation des médicaments finis » constituent la principale cause de cette situation.
De l’étranger, c’est dix fois le prix
Une autre cause, selon La FAM : « L’absence marquée de procédures claires, précises et cohérentes permettant d’administrer avec efficacité l’interdiction des importations de produits fabriqués localement ».
Et quand l’État interdit l’importation de médicaments indispensables, l’Algérien se retrouve dans l’obligation de trouver un moyen de le chercher ailleurs, notamment en France. Selon un pharmacien, exerçant à Alger, les médicaments acquis par cette voix reviennent dix fois plus chers aux malades.