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Médicaments : les ‘produits cabas’ envahissent les pharmacies

Médicaments : les ‘produits cabas’ envahissent les pharmacies

La prolifération des ‘produits cabas’ a atteint son paroxysme dans les officines algériennes. De plus en plus de citoyens dénoncent ces pratiques illégales. Dans la plupart des cas, les clients sont informés de la provenance des médicaments : ‘produits cabas’, vendus sans vignette, à des prix exorbitants.

D’autres clients ont fait la malheureuse expérience de découvrir, en arrivant chez eux, que le pharmacien leur a refilé des médicaments sans vignettes vertes, tout à fait à leur insu. À cause des pénuries récurrentes et de l’absence de contrôle des Directions de la Santé et de la population au niveau des officines, les réseaux contrebandiers font leur beurre, sur le dos des citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Les témoignages se multiplient. « Je suis entrée dans une pharmacie pour acheter de la vitamine ‘D’. Le pharmacien m’a dit que le produit algérien n’était pas disponible mais qu’il pouvait me vendre celui du cabas, 800 da la boite au lieu de 90 da » raconte Aissa.

Dans ce cas précis, le client a été averti. À lui d’accepter ou de refuser la transaction. Mais il arrive parfois, que le pharmacien fourgue des médicaments sans vignettes à ses clients. « Au moment de coller mes vignettes sur la feuille de maladie à la maison pour le remboursement de la sécurité sociale, j’ai réalisé qu’il y en avait pas », témoigne Manel. « Pas de trace de vignettes vertes ! Le pharmacien m’a roulée dans la farine en me vendant des’ produits cabas’ à mon insu, s’indigne-t-elle ».

Cadre juridique

La mafia des ‘produits cabas’ sévit à grande échelle comme nous le confirme Chafik Rahem, Vice-président du Syndicat algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO), bureau d’Alger. « Ces pratiques sont de plus en plus courantes malheureusement. En Algérie, le cadre juridique est clair. Il y a une traçabilité par rapport au médicament mis à la disposition des citoyens, qu’ils soient produits localement ou importés. Le phénomène dit de ‘produits cabas’ existe depuis longtemps. Il a commencé au niveau des frontières. En cause : les pénuries récurrentes des médicaments pour les malades chroniques ou des produits de confort. Les réseaux mafieux se sont engouffrés dans ce marché juteux. Ce sont des réseaux qui activent de façon parallèle, dans l’informel. Ces médicaments ne suivent pas le circuit officiel. Ils n’ont pas de vignettes algériennes puisqu’ils sont entrés frauduleusement au pays ».

L’appât du gain facile

Aveuglé par leur cupidité, certains pharmaciens foulent au pied la réglementation en vigueur. « Dans certaines officines, le pharmacien n’est même pas présent sur les lieux. La gestion de sa pharmacie est confiée à son frère, son père ou son grand-père. Des personnes qui ne sont pas au fait de la réglementation et qui font du trafic pour des raisons mercantiles » souligne Chafik Rahem.

Autre raison mettant en cause la prolifération de ces pratiques : la prescription de médicaments hors nomenclature par certains médecins, de connivence avec des pharmaciens. « Il existe une nomenclature officielle des médicaments autorisés à être commercialisés en Algérie. Pourtant certains médecins véreux font fi de la loi. Le Conseil National de l’Ordre des médecins doit absolument réagir par rapport à ces prescriptions. La loi existe. Elle punit d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans tout contrevenant avec une amande entre 500 000 da et un millions  à ceux qui commercialisent des produits hors nomenclature ».

Pour mettre le holà au trafic des ‘produits des cabas, il est impératif de renforcer le contrôle. « Normalement, au niveau de la Direction de Santé et de la population, la DSP, il y a des inspecteurs chargés de contrôler régulièrement les officines. Cela ne se fait plus ces dernières années, hélas ! » regrette Chafik Rahem.

La pénurie, le relâchement de la surveillance aux niveaux des frontières, l’absence de contrôle, la cupidité des pharmaciens et la complicité des médecins sont des portes ouvertes à ce trafic illicite. La mafia des’ produits de cabas’ prolifère à grande échelle. Le seul à y laisser des plumes est le citoyen. À quand un vrai coup de fourmilière des autorités publiques ?

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