L’Algérie, dont le marché du médicament pèse 4 milliards de dollars, veut développer son industrie pharmaceutique pour satisfaire la demande locale en médicaments et exporter. Pour y arriver, un ministère de l’Industrie pharmaceutique a été créé et confié à Lotfi Benbahmed.
Son travail s’articule autour de deux grands axes : développer la production et réduire la facture des importations des médicaments.
Deux ans après, le ministre détaille son bilan. Il affirme que la facture d’importation des médicaments a été réduite en 2021 de 800 millions de dollars par rapport à 2019. Dans le même temps, la production nationale de médicaments a augmenté d’un milliard de dollars.
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“Les laboratoires étrangers producteurs et fournisseurs d’insuline ont été convaincus de réduire les prix de 20%, ce qui permettra d’économiser 10 milliards de dinars par an”, a soutenu M. Benbahmed dans un rapport présenté mardi devant la Commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle de l’APN.
En deux ans, la courbe des importations a suivi une tendance baissière. Cette facture est passée de deux milliards de dollars en 2019 à 1,7 milliard en 2020 pour reculer à 1,2 milliard en 2021, selon les chiffres présentés par le ministre.
Dans le même temps, la courbe de production nationale de médicaments a suivi une tendance haussière. La production algérienne de produits pharmaceutiques a augmenté passant de 2,1 milliards de dollars en 2019 à 2,4 milliards en 2020 pour atteindre 3,1 milliards en 2021.
La nomenclature des médicaments disponibles en Algérie est constituée de 70% de génériques produits localement, 29% de princeps importés et 1% de produits conditionnés localement, a détaillé le ministre.
Autre point de son bilan : depuis l’installation du comité économique intersectoriel en janvier 2021, “il a été procédé à la révision des prix de 1.654 médicaments, et l’enregistrement, pour la première fois, de 38 biosimilaires et 16 génériques, outre la production de 83 médicaments localement, ce qui permet d’économiser 30% des recettes”, a poursuivi M. Benbahmed.
Sputnik V : les raisons de l’échec
En deux ans, la couverture des besoins nationaux en médicaments par la production locale est passée de 52% en 2019 à 66% en 2021, selon le ministre.
Dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, la production algérienne d’oxygène médical a fait un bond spectaculaire pour atteindre 550.000 litres par jour actuellement contre 140.000 litres en 2019, a ajouté Lotfi Benbahmed. Durant la même période, la production du Varenox (anticoagulant) est passée de 8 millions à 25 millions d’injections.
Dans son exposé, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a abordé le lancement de la production en Algérie du vaccin CoronaVac du laboratoire chinois Sinovac.
Dans la foulée, il a expliqué les raisons de l’échec du lancement de l’usine de production du vaccin russe Sputnik V en Algérie. Ce projet a été évoqué dès le début de l’année par les autorités algériennes, mais il n’a pas pu être mené à son terme. Selon Benbahmed, cet échec est dû à la « faiblesse de la production » de la matière première par le laboratoire russe qui a développé le Sputnik V.
« Un accord a d’abord été conclu avec le partenaire russe pour la production du vaccin anti-Covid 19 Sputnik V », a expliqué le ministre en ajoutant que « compte tenu des particularités techniques liées à la production du vaccin russe et de la difficulté d’obtenir sa matière première en raison de la faible capacité de production du laboratoire russe, un accord a été conclu avec un deuxième partenaire pour produire le vaccin chinois CoronaVac », a-t-il détaillé. Les discussions entre l’Algérie et Sinovac ont abouti au lancement de l’usine algérienne de production du CoronaVac le 29 septembre dernier.