L’ancien guide suprême des Frères musulmans Mohammed Mehdi Akef est mort vendredi à 89 ans dans un hôpital du Caire, a annoncé sa fille. « Mon père est sous la protection d’Allah », a écrit Alia Mehdi Akef sur sa page Facebook.
Cet artisan de la montée en puissance de la confrérie islamiste a passé plus d’un quart de siècle en prison.
Connu pour ses déclarations controversées, M. Akef est décrit sur le site internet du parti politique des Frères musulmans comme « l’un des dirigeants historiques de la confrérie ».
Né en 1928, l’année de fondation du mouvement, cet ancien professeur d’éducation physique s’en est rapproché à un très jeune âge et en a occupé la fonction suprême entre 2004 et 2010.
Sous sa direction, les Frères musulmans effectuent une percée historique aux législatives de 2005, raflant 20% des sièges au Parlement. Dans un climat de grogne sociale, le groupe s’impose comme la première force d’opposition au président de l’époque Hosni Moubarak, de plus en plus critiqué pour des abus policiers, une corruption endémique et l’aggravation des inégalités.
Contrairement à ses prédécesseurs, restés à la tête de la confrérie jusqu’à leur décès, M. Akef choisit de se retirer après un unique mandat de six ans.
Représentant de la vieille garde conservatrice, il ne recule devant aucune polémique. Pour lui, Israël était « un cancer à extirper » et l’Holocauste un « mythe ».
Quand le quotidien égyptien Rose al-Youssef lui demande en 2006 s’il accepterait de voir un musulman étranger diriger l’Egypte, il n’hésite pas à répondre: « On s’en fout de l’Egypte ». Ses détracteurs y verront un manque de patriotisme.
- Akef est un familier des geôles du régime, n’échappant pas à la répression implacable menée contre la confrérie par presque tous les présidents égyptiens.
Il fait partie des milliers de personnes arrêtées après une tentative d’assassinat ratée contre le dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser en 1954. Condamné à la prison à vie, il sort 20 ans plus tard, au moment où le nouveau président Anouar al-Sadate tente d’obtenir le soutien des islamistes pour asseoir sa légitimité et affaiblir l’opposition de gauche.
Il obtient alors un poste de haut fonctionnaire au sein du gouvernement.
Dans les années 1980, il quitte l’Egypte pour l’Arabie saoudite puis l’Allemagne, où il dirige un centre islamique. De retour au Caire, il intègre le « bureau de guidance » –plus haute instance de la confrérie– en 1987 et siège au Parlement.
Mais il est de nouveau condamné à trois ans de prison par un tribunal militaire en 1996, sous le régime du président Moubarak.
Arrêté après la destitution par l’armée à l’été 2013 de M. Morsi, suivie par une répression implacable contre les Frères musulmans, M. Akef est condamné à la prison à vie pour sa responsabilité dans la mort de 12 manifestants hostiles à la confrérie.
La Cour de cassation avait toutefois ordonné un nouveau procès.
Détenu depuis juillet 2013, Mohammed Mehdi Akef avait été transféré l’an dernier dans un hôpital du Caire pour soigner un cancer.