La commission mixte algéro-française d’historiens a tenu sa deuxième réunion le 25 janvier à Paris, après celle de Constantine le 22 novembre 2023 qui avait fait suite à une première prise de contact en avril de la même année.
Les membres du panel, 5 historiens algériens et autant de leurs collègues français, ont émis de huit nouvelles propositions à l’adresse des présidents de la République des deux pays, liées dans l’ordre aux archives, aux restitutions, la chronologie, la bibliographie, le portail numérique, l’échange de doctorants et formation, les cimetières des détenus algériens du XIX en France, les rencontres scientifiques et la numérisation des registres d’état civil. La prochaine réunion devrait se tenir dans deux mois en Algérie.
La création de la commission a été décidée lors de la visite en Algérie du président français Emmanuel Macron en août 2022. La désignation de ses membres de part et d’autre a eu lieu fin 2022 et début 2023.
Mohamed Lahcen Zighidi, Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali et Djamel Yahiaoui composent le panel algérien. Côté français, c’est Benjamin Stora, Florence Hudowicz, Jacques Frémeaux, Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur qui ont été désignés.
Outre la session plénière qui a eu lieu le 25 janvier aux Archives nationales à Paris, les membres de la commission se sont déplacés entre le 23 janvier et le 3 février 2024 dans 12 lieux, dont des musées, des centres d’archives et des institutions dans différentes régions de France.
De nouvelles recommandations aux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont été retenues.
Lors de la rencontre de Constantine, il avait été convenu la restitution par la partie française de 5 mètres de rouleaux d’archives de l’époque ottomane et la remise de 2 millions d’archives numérisées.
À Paris, les dix historiens se sont attelés à “définir la période, la nature et la typologie” de ces documents numérisés, apprend-on de la commission.
Concernant la numérisation des fonds d’archives, il a été convenu d’établir un ordre des priorités et de commencer par les archives militaires et diplomatiques du XIXe siècle.
La commission propose par ailleurs de développer des partenariats en formation et numérisation entre les archives nationales des deux pays et de favoriser l’accessibilité et le partage des ressources numériques.
Les deux parties ont en outre évoqué la question des restitutions. Selon la même source, la partie algérienne a proposé « une liste ouverte de biens symboliques » à restituer par la France, comme l’épée, le burnous, le Coran, les canons et la tente de l’Emir Abdelkader, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat, les canons…
Des musées français, comme celui du Louvre ou du Quai Branly, ont proposé de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie, indique la commission.
Autre proposition relative à ces objets, l’organisation d’expositions à partir des fonds présents dans les musées algériens et français. Il est aussi proposé de présenter dans un musée algérien l’exposition sur l’Émir Abdelkader réalisée au Mucem de Marseille en 2022.
La commission s’est aussi intéressée aux cimetières où sont enterrés des Algériens détenus en France au XIXe siècle. Elle s’est entendue pour poursuivre l’identification et la recension des cimetières, des tombes et des noms des détenus algériens et de « valoriser ces lieux de mémoire » par l’apposition d’une douzaine de plaques commémoratives en France métropolitaine, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie.
Des données seront en outre fournies sur un site internet sur ces lieux de détention et les personnes qui y étaient emprisonnées.
Par ailleurs, les membres de la commission ont appelé à la finalisation de la numérisation des registres de l’état civil et des cimetières de la période coloniale. La partie française a demandé la cartographie et la numérisation des cimetières chrétiens et juifs en Algérie, précise-t-on.
Parmi les autres recommandations, la mise en œuvre du projet de portail numérique dit « bibliothèque partagée » entre les bibliothèques nationales des deux pays. Entre autres objectifs, cette bibliothèque permettra de reconstituer la correspondance disséminée de l’Émir Abdelkader.