Les déclarations du président français Emmanuel Macron sur son homologue algérien et la colonisation continuent de susciter les réactions en Algérie. La dernière en date est venue du secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) par intérim qui a réagi aux propos de Macron sur la question mémorielle.
« C’est un mensonge. Nous ne pouvons pas réconcilier les deux mémoires », déclare Mohand Ouamar Benelhadj.
Vendredi, le président français avait indiqué dans un entretien paru dans Jeune Afrique que l’important pour la France qui « a fait énormément de gestes », est de « mener un travail historique et réconcilier les mémoires ».
« Au fond, nous nous sommes enfermés dans une espèce de balancier entre deux postures : l’excuse et la repentance d’une part, le déni et la fierté de l’autre (…) Moi j’ai envie d’être dans la vérité et la réconciliation, et le président Tebboune a exprimé sa volonté de faire de même », a expliqué le président Français.
« Qu’il abroge d’abord cette loi de 2005 (loi glorifiant le colonialisme, ndlr). Mais nous n’accepterons pas parce que le bourreau et la victime ne peuvent être mis sur un même pied d’égalité, les deux mémoires ne peuvent pas s’associer », réagit Benelhadj, qui poursuit : « Les deux présidents en ont parlé et nous, en tant que moudjahidine, nous ne sommes pas contre une coopération entre les deux peuples, mais il faut que ce soit d’égal à égal. »
Et d’ajouter : « Même la révolution a prévu il y a 60 ans de coopérer avec tous les peuples du monde. On n’est pas contre mais la tolérance ne doit pas être d’un seul compte, sinon ce serait une forme de soumission et d’amnésie. Nous ne pouvons pas oublier. La majorité écrasante des Algériens ne cédera pas un millimètre du droit de notre pays. »
Benelhadj révèle aussi qu’il a clarifié les choses avec Abdelmadjid Chikhi, désigné par le président Tebboune pour effectuer « le travail de mémoire » du côté algérien, avec Benjamin Stora, côté français.
« Chikhi nous a signifié que sa mission avec Benjamin Stora n’est pas d’écrire l’histoire. Notre position est claire depuis longtemps, on ne peut pas écrire l’histoire ensemble. Nous lui avons dit aussi qu’il ne faudra pas attendre les archives car la France ne remettra jamais les archives qui remettront en cause la renommée qu’elle s’est faite », dit-il.