Les propos tenus le 30 septembre par le président français sur le système algérien, qu’il a qualifié de « politico-militaire » qui exploite la « rente mémorielle depuis 1962 », et son interrogation sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation, continuent à faire réagir en Algérie.
Cette fois, c’est la moudjahida Louisette Ighilahriz qui accable Emmanuel Macron sur le litige mémoriel entre l’Algérie et la France.
Mme Ighilahriz, 85 ans, est celle qui a brisé le tabou des viols commis par l’armée française pendant la guerre de Libération nationale. En 2000, elle avait confié à une journaliste du Monde avoir été torturée et violée au siège de la 10e division parachutiste à Alger. Elle a même donné le nom de son bourreau, le capitaine Grazziani.
Ce témoignage a été suivi de beaucoup d’autres, et de nombreuses réactions des acteurs de la guerre côté français, dont les généraux Aussaresses et Massu.
“Ligne rouge”
Dans une brève déclaration faite cette semaine, l’ancienne combattante dit ne pas comprendre comment le président français remette des médailles aux Harkis et « pour nous, il refuse même la reconnaissance ».
« Il ne veut même pas reconnaître les déchets nucléaires, qui ont traversé la Méditerranée et été ressentis jusqu’en France. Il y a des effets néfastes du nucléaire et il ne veut pas le reconnaître. Pourquoi ? », s’interroge-t-elle, allusion aux conséquences néfastes des essais nucléaires français effectués dans le Sahara algérien, après l’indépendance de l’Algérie. La France refuse toujours de dépolluer les sites des essais nucléaires, malgré les demandes algériennes.
Ighilahriz soupçonne Emmanuel Macron d’utiliser la question de la mémoire dans la campagne présidentielle française pour sa réélection en 2022. « Il parle pour être réélu pour un deuxième mandat. Depuis 1962, aucun d’entre eux (les dirigeants français) n’a osé franchir la ligne rouge », regrette-t-elle.