Pour un pays qui ne reçoit que rarement de visites de chefs d’État ou de gouvernement étrangers, la venue de la chancelière allemande Angela Merkel est assurément un événement saillant, d’où l’intérêt qu’elle suscite auprès des médias et des observateurs.
Faudra-t-il pour autant en attendre des retombées concrètes sur les relations entre les deux pays ? Sans doute que la présence de Mme Merkel à Alger contribuera à accélérer la procédure d’expulsion des Algériens en situation irrégulière en Allemagne, l’un des principaux points à l’ordre du jour de la visite. Tout comme elle permettra peut-être aux deux parties de rapprocher leurs vues -qui ne sont du reste pas antinomiques- sur les questions géostratégiques, comme la situation en Libye.
Mais quid du partenariat économique ? L’Algérie qui, officiellement, cherche à diversifier son économie, a en principe beaucoup à attendre de l’une des toutes premières puissances économiques mondiales, notamment en matière d’investissements productifs et leur corollaire, le transfert de technologie. Les rares chefs d’État ou de gouvernement qui ont défilé ces dernières années à Alger s’étaient fait accompagner de kyrielles d’hommes d’affaires en quête d’opportunités d’investissement et de partenariat, et Merkel ne déroge pas à la règle. Un forum d’affaires algéro-allemand est au programme et les industriels des deux bords échangeront, négocieront et tâcheront de nouer des partenariats.
Sans préjuger des résultats du forum qui se tient ce lundi 17 septembre à Alger, on sait au moins que pour les précédents, il y a eu très peu de concret et les partenariats conclus n’ont pour la plupart rien de « gagnant-gagnant ». En plus clair, ces forums et les commissions mixtes qui ont lieu régulièrement n’ont débouché que sur très peu d’investissements productifs et créateurs de richesses.
L’Algérie demeure, quoi que l’on dise, perçue comme un marché au fort potentiel, sans plus. La faute incombe assurément aux autorités algériennes et cette manie qu’ils ont de mettre toujours la charrue avant les bœufs. Depuis quelques années, il se dégage comme un paradoxe de la politique économique du pays. L’encouragement de l’investissement est présenté comme une priorité nationale notamment depuis la chute des prix de pétrole fin 2014, mais rien n’est concrètement fait pour lever les obstacles et démentir les clichés qui font que les capitaux étrangers préfèrent d’autres destinations.
La règle 51/49, instituée en 2009, est maintenue en dépit de toutes les critiques, les tracasseries bureaucratiques sont toujours présentes, le transfert des dividendes relève du parcours du combattant et l’obtention du visa d’entrée en Algérie demeure un exercice difficile.
L’instabilité juridique n’est pas faite pour arranger les choses et les blocages dressés devant les opérateurs nationaux, comme Cevital qui subit un traitement qui frise le harcèlement, ne peuvent que décourager les plus téméraires des étrangers. Les investissements créateurs de richesse dont a grandement besoin le pays, particulièrement dans cette conjoncture, ne peuvent être attirés dans ces conditions, et toutes les visites, fussent-elles de haut rang, n’y pourront rien, pas plus que les rencontres d’affaires.
De surcroît, quand elles surviennent, comme celle qu’effectue Mme Merkel à Alger, dans un climat politique interne qui n’offre aucune visibilité. Et si, à travers ces visites fortement médiatisées, les autorités algériennes ne cherchaient qu’à multiplier les signes d’une fréquentabilité retrouvée ?
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