Le cinéaste Merzak Allouache préside le jury du 11e Festival international du film arabe d’Oran (FIOFA) qui se déroule jusqu’au 31 juillet. Jeudi 26 juillet, il a rencontré la presse avec les autres membres du jury longs-métrages, la comédienne marocaine Amal Ayouch, le producteur égyptien Mohamed Al Adl et le cinéaste kazakh Yermek Shinarbayev.
« C’est difficile pour moi. Je ne peux juger les films de mes collègues. Je me contente de regarder. Je vais tout faire pour qu’il ait des discussions démocratiques autour des films en compétition au festival. Je n’accepterai aucune instruction de l’extérieur pour favoriser tel ou tel film. Je vais juger avec l’émotion que peut me provoquer un film. Je ne sais pas juger un film sur la qualité de ses images. Pour l’Algérie, je suis contre les belles images qui faussent les choses. Je suis contre l’Algérie vue du ciel. De belles images qui renvoient à rien, sauf à des paysages. C’est ce qui renvoie aux sociétés diffirentes qui est intéressant dans un film », a déclaré le réalisateur de « Omar Gatlato ».
Son jury doit se prononcer sur dix films en compétition pour le Wihr d’Or. Jeudi, deux d’entre eux ont été projetés à la salle Maghreb, « Wajib » (Devoir) de la Palestinienne Anne-Marie Jacir et « Un homme et trois jours » du Syrien Joud Saïd.
L’Algérie est en course avec « Jusqu’à la fin des temps » de Yasmine Chouikh et « Nous n’étions pas des héros » de Naserddine Guenifi.
« En Algérie, quand on produit deux films par an, on dit que c’est beaucoup »
« Chacun de nous va réagir aux films selon sa subjectivité. Je sais qu’aujourd’hui, il y a des niveaux différents. Il y a un cinéma libanais qui prend de l’ampleur, un cinéma jordanien qui commence, un cinéma tunisien en mouvement avec une nouvelle génération. Le cinéma marocain est très prolifique. Chaque année, un festival marocain est organisé. En Algérie, quand on produit deux films par an, on dit que c’est beaucoup. L’Algérie est un pays riche, cela ne signifie pas que son cinéma a tous les moyens nécessaires. Il y a un cinéma officiel qui jouit de tous les moyens. Et il y a d’autre part, des jeunes qui font des films avec des bouts de ficelle, difficilement. En Tunisie et au Liban, les jeunes éprouvent beaucoup de difficultés à trouver des subventions », a souligné Merzak Allouache.
« Une fenêtre ouverte sur le monde »
Citant un célèbre scénariste, Yermek Shinarbayev a estimé que pour rentrer dans l’Histoire, « un pays doit financer son cinéma ». « Le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde. Cela donne une idée sur la vie des nations et des peuples», a-t-il dit.
Mohamed Al Adl a, de son côté, reconnu que l’industrie du cinéma en Égypte et dans les pays arabes devient de plus en plus compliquée.« Les moyens ne sont plus disponibles comme avant. Les gens ont tendance à fabriquer des films avec leurs propres capacités. C’est ce qui explique la présence de plus en plus visible des films indépendants. Le rendement sur le marché ne couvre plus les coûts engagés dans la production d’un film. Les pays riches dans notre région n’ont pas une grande expérience dans le cinéma alors que l’Égypte, qui a une longue expérience, peut produire des films sans avoir besoin de gros moyens financiers », a-t-il analysé.