En Algérie, les écoles sont fermées depuis jeudi 20 janvier pour une période de 10 jours à cause de la flambée de la pandémie de covid-19.
La décision suscite l’incompréhension des spécialistes de la santé qui critiquent les mesures prises contre la 4e vague de covid-19 qui sévit en Algérie.
L’organisation de la riposte par les pouvoirs publics devant l’accélération de la courbe des contaminations constatée sur le terrain « impose plus de discipline et autant de rigueur dans le respect des mesures barrières au niveau personnel, de l’application stricte des différents protocoles sanitaires affectés aux secteurs prestataires de services et à l’activité économique », a affirmé à TSA le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP).
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Pour ce praticien, le dispositif mobilisé jusqu’à présent « ne répond pas à l’impératif qu’exige la situation sanitaire ».
Dans la foulée, il déplore « un relâchement total » en affirmant que « chacun doit assumer ses responsabilités, à commencer par les citoyens que nous sommes », rappelant aussi la nécessité de faire respecter les lois décrétées depuis l’avènement de la pandémie en Algérie notamment pour le port obligatoire du masque et l’application des protocoles sanitaires.
Le Pr Idir Bitam est catégorique sur le fait que la fermeture des écoles est une « mauvaise stratégie ». « On doit faire des campagnes de sensibilisation adressées aux parents et personnels médicaux », préconise-t-il.
Ce spécialiste des maladies transmissibles et des pathologies tropicales plaide en faveur d’un « confinement total de 10 jours ».
Il faut une implication active des ministères, clame pour sa part le Pr Noureddine Zidouni qui se demande « où sont les autres départements ? » à l’instar des transports et du commerce où les mesures barrières ne sont pas respectées.
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Pour sa part, le médecin-réanimateur au CHU de Frantz-Fanon de Blida, le Dr Adel Boudahdir, estime que la fermeture des écoles devait être suivie par l’application stricte de la loi.
Ensuite, exhorte-t-il, il faut lutter sérieusement contre la désinformation concernant la vaccination. « Ce point a cassé la campagne », pointe-t-il, préconisant de rester vigilant face au variant omicron.
« Les pays occidentaux ont un taux de vaccination très élevé ce qui a probablement donné une faible mortalité par rapport au nombre de cas recensés, ce n’est pas le cas en Algérie où le taux de vaccination est très faible », relève-t-il.
« D’un côté l’Omicron a l’avantage de créer une immunité collective massive mais périodique, mais probablement il y aura des victimes », ajoute le Dr Boudahdir.
Dans le milieu médical, une théorie a fait son chemin, selon laquelle laisser diffuser l’Omicron, très contagieux mais beaucoup moins létal, pourrait assurer l’immunité collective aux populations.
Mais cette démarche pourrait s’avérer problématique pour les hôpitaux notamment en matière de saturation, avec le risque de mettre notre système de santé en très grande difficulté.
Ce dont convient le Dr Adel Boudahdir. « Effectivement, il y a un risque de saturation des lits, surtout dans les services de réanimation. Il faut des mesures plus drastiques pour casser la courbe accompagnées d’une prise en charge sociale, l’application de pass vaccinal est extrêmement difficile chez nous », a-t-il dit.
« On est dans les suppositions et la théorie malheureusement. Je rappelle que c’est ce même principe qui a été retenu par les Anglais et les Américains au début de la pandémie lorsqu’ils ont refusé d’admettre la gravité de la situation sanitaire et ont préféré laisser diffuser la contamination avec l’objectif de réaliser une immunité collective », explique le Dr Lyes Merabet.
« La suite a été catastrophique pour ces deux grands pays et l’ampleur des dégâts (nombres de cas et de décès) les a contraints à revoir leur stratégie pour l’aligner sur ce qu’ont fait les Chinois et d’autres pays européens après », complète-t-il.
Le Dr Adel Boudahdir prévoit que le pic des contaminations pourrait être atteint « début février », la vague dure habituellement 8 à 10 semaines en moyenne, a-t-il ajouté. « Mais celle-là s’est installée rapidement, avec un risque d’avoir d’autres variants en Algérie ou dans le monde. On espère qu’ils seront des variants plus faibles, sans oublier que le variant Delta est toujours là », conclut-il.