Le ministère français des Affaires étrangères a déploré lundi un malentendu autour des propos du chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian sur le meurtre de l’éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi, qui ont déclenché la colère d’Ankara.
Interrogé sur ce que la France sait après avoir eu accès à des enregistrements turcs sur l’affaire, le ministre répond sur la chaîne de télévision France 2 : « Si le président turc a des informations à nous donner, il faut qu’il nous les donne ».
« Cela veut dire qu’il ne vous les a pas données ? », relance la journaliste. « Pour l’instant, je n’en ai pas connaissance », répond Jean-Yves Le Drian.
« Cela veut dire qu’il a menti ? », lui demande-t-elle encore. « Cela veut dire qu’il a un jeu politique particulier dans cette circonstance », poursuit le ministre, dont les propos ont été jugés « inacceptables » par les autorités turques.
Selon le Quai d’Orsay, qui parle de « malentendu », le ministre a voulu ainsi dire qu’il n’avait pas reçu d’informations turques permettant d’établir la « vérité complète » dans l’affaire Khashoggi, en l’occurrence sur les circonstances et les responsables de ce meurtre.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé samedi l’existence d’enregistrements portant sur la mort du journaliste le 2 octobre dans le consulat saoudien d’Istanbul, affirmant les avoir partagés notamment avec Washington, Berlin, Londres et Paris.
« Les autorités compétentes françaises et turques sont en contact sur l’affaire Khashoggi depuis le début, cela va de soi », relève-t-on au ministère français des Affaires étrangères, tout en se refusant au moindre commentaire sur la question des enregistrements.
« Il y a un certain nombre d’échanges avec les Turcs, comme il y en a avec les Saoudiens, avec les Américains, etc. », souligne-t-on de même source.
« La vérité complète qui nous importe ne tient pas seulement à des enregistrements turcs, quelle qu’en soit la nature. La vérité complète elle est aussi à rechercher à Ryad, dans nos échanges avec nos autres partenaires », poursuit-on au ministère.
Les autorités turques ont en particulier critiqué les propos du ministre français accusant le président Erdogan de jouer « un jeu politique » dans l’affaire Khashoggi.
« Le ministre français des Affaires étrangères a dépassé les bornes (…) Accuser notre président de jouer un jeu politique est extrêmement impoli », a lâché le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.