Les défenseurs d’Israël ne connaissent pas de limites. En France, Meyer Habib est un député connu pour son extrémisme et ses positions calquées sur celles du gouvernement de Benyamin Netanyahou, fait scandale par ses confusions répétées entre sa qualité d’élu du peuple français et sa mission de propagandiste au profit d’Israël.
Meyer Habib est omniprésent sur les plateaux télé français depuis le déclenchement de la guerre à Gaza. Ce député du parti Les Républicains (droite) représente les Français de l’étranger. Il a été élu dans une circonscription incluant plusieurs pays de la Méditerranée orientale, dont Israël et la Turquie. Outre la citoyenneté française, Meyer Habib détient également la nationalité israélienne.
Depuis le 7 octobre, il est sur tous les fronts et est toujours là, à l’Assemblée nationale française, dans les médias, et même sur le terrain en Israël, pour porter la contradiction ou intimider toute voix qui critique la colonisation des terres palestiniennes ou les crimes commis contre la population civile de Gaza.
Le 22 octobre, lui et le président de son parti, Éric Ciotti, ont accompagné la présidente de l’Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet, dans son voyage en Israël où elle avait choqué en déclarant que « rien ne doit empêcher Israël de se défendre ».
Ami de Benyamin Netanyahou, Meyer Habib ne cache plus son jeu et n’accorde même plus d’importance aux formes. Il est député français, payé en tant que tel par le contribuable français, mais sa mission est d’abord de défendre un État étranger, Israël en l’occurrence. Dans ses interventions, il met parfois plus de zèle que les diplomates israéliens.
Mercredi dernier, Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël et aux États-Unis, connu pour son franc-parler et ses critiques vis-à-vis de la politique israélienne, était auditionné par le Parlement sur la situation en Palestine. Et ce n’est pas le genre de rendez-vous que Meyer Habib, aux aguets, pouvait rater.
Meyer Habib, un député français plus zélé que les fonctionnaires israéliens
Gérard Araud est parmi les voix qui s’élèvent en France pour critiquer la politique et les exactions d’Israël qu’il a, par ailleurs, qualifié d’État d’apartheid il y a quelques années.
Devant les parlementaires, le diplomate ne s’est pas montré tendre avec l’État hébreu, relevant les exactions des colons en Cisjordanie où, a-t-il dénoncé, « un nettoyage ethnique au détail est en train d’être fait » avec 175 Palestiniens tués en deux mois.
« Vous avez maintenant des milliers de colons israéliens qui se sont installés en Cisjordanie et qui vous disent : cette terre m’a été donnée par Dieu et il est hors de question que j’y renonce », a ajouté Gérard Araud.
Meyer Habib était juste en face pour lui apporter la contradiction. Mais cette fois, il a fait scandale autant par sa posture de député français qui se comporte en fonctionnaire du gouvernement israélien que par la teneur de sa réponse.
« C’est indigne, c’est faux et c’est un mensonge », a réagi Meyer Habib, pour qui il ne s’agit pas d’une guerre de territoires, mais une « guerre de civilisations ».
« Un Français peut être un colon en Algérie, au Togo, un Britannique en Rhodésie, mais un Juif ne sera jamais un colon en Judée », a-t-il ajouté, rappelant à l’assistance que lorsque l’actuel Paris, l’antique Lutèce, « était encore un marécage, Jérusalem était déjà la capitale du peuple juif ».
Des propos qui ont scandalisé au-delà du palais Bourbon, le siège du Parlement français. La réaction la plus indignée et la plus virulente est venue du général à la retraite Nicolas Richoux, qui parle de « scandale ».
Pour lui, il est inconcevable qu’un député d’un grand parti républicain puisse prôner « ces choses-là » à la place du droit international. « Il nous explique qu’ils ont un droit simplement parce qu’ils sont Juifs, parce que Dieu leur a donné. C’est un scandale », s’est emporté le général sur LCI.
La position de Meyer Habib rejoint celle du gouvernement extrémiste et religieux de Benyamin ainsi que des leaders de l’opposition comme Yaïr Lapid qui ne considèrent pas la Cisjordanie comme une terre palestinienne. Le 5 novembre, Yaïr Lapid, ancien Premier ministre, a dit que la Cisjordanie n’est pas une terre palestinienne et qu’il est opposé au démantèlement des colonies dans cette partie de la Palestine : « Ce ne sont pas des colonies. Ce sont des terres bibliques ».
La position de Meyer Habib est en totale contradiction avec celle de la France qui soutient la solution à deux États, même si elle apporte son soutien à Israël dans la guerre qu’il mène sur Gaza.
Curieusement, les habituels gardiens du temple de la laïcité n’ont pas été scandalisés outre mesure, et Meyer Habib continue de défendre, en toute impunité, la politique israélienne de son ami Benyamin Netanyahou.
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