Le Canada a décidé de rapatrier les familles de ses diplomates en poste à Cuba suite aux fortes migraines et autres symptômes inhabituels observés l’an dernier, a annoncé lundi le gouvernement de Justin Trudeau dont l’enquête se poursuit.
Les Etats-Unis, dont 24 diplomates en poste à La Havane ont subi des malaises similaires, avaient rappelé fin septembre plus de la moitié du personnel de leur ambassade de La Havane ainsi que l’ensemble des familles de diplomates.
Côté canadien, dix personnes ont été victimes de tels malaises entre le printemps et l’automne 2017, tels que « des étourdissements, des maux de tête et un manque de capacité à se concentrer », a indiqué le ministère canadien des Affaires étrangères dans un communiqué.
« La cause reste inconnue mais pourrait être le résultat d’actions humaines », a déclaré la diplomatie canadienne, sans avancer de pistes mais en louant la « relation positive et constructive avec Cuba ».
« En raison de cette incertitude (…) les diplomates canadiens postés à Cuba ne seront pas accompagnés des membres de leur famille » et des dispositions seront prises « dans les prochaines semaines » afin d’organiser le rapatriement des familles diplomatiques qui s’y trouvent actuellement, est-il précisé.
« Quelques retards » dans le traitement des affaires consulaires à La Havane sont donc à prévoir dans les prochains jours, a averti le Canada.
Les gouvernements américain et canadien avaient reconnu en août dernier que certains de leurs diplomates en poste à La Havane s’étaient plaints de symptômes troublants, nécessitant parfois une hospitalisation.
Washington attribuait l’an passé ces symptômes à l’utilisation probable d’appareils acoustiques capables de provoquer des dommages cérébraux. Mais le Canada juge désormais « improbable » un tel scénario, selon une source gouvernementale.
Des médecins canadiens et américains qui ont ausculté leurs compatriotes affectés par ces malaises évoquent plutôt « un nouveau type probable de lésion cérébrale acquise », a indiqué Ottawa qui « continue d’enquêter ».
Selon le gouvernement canadien, aucun nouveau symptôme n’a été déclaré depuis le début de l’automne 2017. « Les familles de diplomates qui sont retournées au Canada continuent cependant d’éprouver des symptômes », est-il noté.
« Dans certains cas, ces symptômes ont semblé diminué d’intensité avant de réapparaître », a souligné la diplomatie canadienne.
Suite à cette affaire, le gouvernement canadien a mené « une évaluation environnementale » de ses locaux diplomatiques de la capitale cubaine, avec notamment des tests de qualité de l’air et de l’eau. Les résultats obtenus en mars n’ont pas permis d’identifier « quoi que ce soit qui pourrait indiquer une cause », a précisé Ottawa.
Selon le gouvernement canadien, « rien n’indique que les voyageurs canadiens à Cuba » courent un « risque », alors que les Etats-Unis appellent les ressortissants américains à éviter de se rendre sur l’île caribéenne en raison de ces « attaques ciblées ».
Sans en connaître le ou les auteurs, les Etats-Unis tiennent les autorités cubaines pour responsables, au minimum car elles n’ont pas été en mesure de garantir la sécurité des diplomates.
La Havane dément formellement toute implication.