Une ONG marocaine a dénoncé, ce jeudi 11 octobre, la politique « discriminatoire » du Maroc vis-à-vis des migrants originaires d’Afrique subsaharienne, victimes, selon elle, de « violences et violations des droits de l’Homme ».
Entre juillet et septembre, pour la seule région de Tanger (nord), « le nombre de personnes victimes de déplacements forcés est estimé a minima à 7.720 personnes », dont 174 femmes et 147 mineurs, selon le dernier décompte du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem).
« Tous les témoignages parlent de violences et de traitement inhumains », a affirmé Camille Denis, une des représentantes de l’ONG lors d’une conférence de presse à Rabat.
« Les personnes ciblées sont toutes non-marocaines et toutes noires, sans distinction de leur situation administrative (…), c’est une politique raciste qui est mise en œuvre et qui interroge toute la politique migratoire » du royaume, a-t-elle dit.
Le Gadem dénonce aussi « la situation extrêmement préoccupante » de migrants originaires d’Afrique subsaharienne retenus dans des commissariats à Tanger, affirmant qu’il y a actuellement 142 personnes dans cette situation, « depuis plus d’un mois pour certaines ».
« La loi 02-03 autorise les autorités locales et services de police à contrôler la situation de séjour de tout étranger sur le territoire national. Au cours des vérifications opérées au niveau des locaux de l’Administration, ces étrangers jouissent des mêmes droits que les nationaux », a pour sa part précisé à l’AFP Khalid Zerouali, en charge de l’immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur.
Selon le Gadem, au moins 89 personnes de différentes nationalités, dont six mineurs, ont été renvoyées dans leurs pays d’origine, après avoir été détenues à Tanger. « Ces expulsions se font hors cadre juridique », sans respect des procédures, selon l’ONG.
« En respect des dispositions légales, aucun mineur ne peut être expulsé. Tous les retours vers les pays d’origine se font en pleine coordination avec les autorités diplomatiques des pays concernés », a pour sa part assuré M. Zerouali.
Les « opérations de relocalisation visent fondamentalement à extirper les candidats de l’étau des réseaux de trafic qui s’activent dans le nord du royaume », a-t-il souligné.
Depuis la fermeture progressive des routes orientale (Turquie-Grèce) et centrale, via la Libye (ou la Tunisie) et l’Italie, la pression migratoire s’est accrue au Maroc. Depuis début 2018, l’Espagne a enregistré plus de 38.000 arrivées par voie maritime et terrestre, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).