Les quatre militantes de RAJ et du MDS déshabillées intégralement dans un commissariat de Baraki, à Alger, le samedi 13 avril 2019, s’apprêtent à déposer plainte.
« Nous sommes en train de discuter avec les militantes concernées pour déposer une plainte collective », a déclaré, à TSA, Abdelouhab Fersaoui, président de l’Association RAJ.
Le démenti de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), publié ce lundi 15 avril, ne semble pas l’étonner. « On s’attendait à une telle réaction. Ils ont bien démenti avoir tiré du gaz lacrymogène dans le tunnel des Facultés à Alger (lors de la marche du vendredi 12) alors que des photos et des vidéos ont démontré le contraire. La police fonctionne toujours avec les mêmes réflexes du passé. C’est un instrument entre les mains du pouvoir pour réprimer et intimider les manifestants et les militants », a-t-il dénoncé.
Abdelouhab Fersaoui rappelle que durant les premières marches du vendredi, les forces de polices ne recouraient pas à la manière forte. « À Alger, les manifestations se déroulaient normalement, sans heurts ni incidents. Le vendredi écoulé, nous avons constaté le recours à la violence. Samedi, un de nos militants a été agressé physiquement par des policiers lors d’une interpellation. Il a établi un certificat médical l’obligeant au repos pendant trois jours. De mon point de vue, il existe des instructions pour réprimer les manifestants surtout les militants », accuse le président de RAJ.
« Un peuple éduqué face à un pouvoir délinquant »
Fethi Ghares, porte-parole du MDS, a, pour sa part, confirmé la volonté de poursuivre en justice les policiers qui ont malmené les militantes en coordination avec l’Association RAJ.
« Le peuple s’est éduqué, a déclaré un jeune dernièrement. La sagesse populaire oriente l’élite. Nous avons donc un peuple éduqué face à un pouvoir délinquant. Il vole, ment, diffame et pratique la violence. Comment peut-on l’appeler ? Le pouvoir est encadré par des intérêts mafieux. Les Algériens ressentent cela quotidiennement », s’est-il indigné.
M. Ghares rappelle l’épisode de l’assassinat du jeune Massinissa Guermah en Kabylie qui a été suivi par un mouvement massif de protestation en 2001. « Le ministre de l’Intérieur de l’époque (Noureddine Zerhouni) a justifié l’assassinat de Massinissa en disant qu’il était un voyou. Au crime s’ajoutait le mensonge. Ce qui se passe aujourd’hui est dans la continuité de tout cela. Donc, nous ne découvrons pas les pratiques du pouvoir », a-t-il dit.
Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête
Amnesty International a réagi, de son côté, en demandant l’ouverture d’une enquête sur un acte qualifié « d’humiliant et de dégradant » et portant « atteinte à la dignité des militantes », déshabillées dans le commissariat de Baraki.
« Cette fouille ne se justifie en aucun cas (…) Nous exhortons les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires pour que ces pratiques ne se reproduisent plus. Nous dénonçons également les arrestations arbitraires dont ont fait l’objet ces militants simplement pour avoir participé à une manifestation pacifique. C’est une violation flagrante du droit à la liberté d’expression et de réunion garanti par la Constitution et les engagements internationaux de l’Algérie dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques », a déclaré Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie.