Cinq ans de prison ferme, c’est décidément le tarif unique qu’appliquent les autorités marocaines pour les militants anti-normalisation avec Israël.
Même en pleine guerre à Gaza et malgré le bilan désastreux de l’armée israélienne dans l’enclave palestinienne, le royaume n’admet pas la moindre remise en cause des accords de normalisation avec Israël signés en 2020.
Abderrahmane Azenkad, membre du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation (FMSPCN), vient d’écoper de cinq ans de prison ferme pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux la normalisation et la position du Maroc par rapport à la situation à Gaza, rapportent de nombreux militants et activistes marocains, dont le journaliste indépendant exilé en Espagne, Ali Lemrabet.
« Cette condamnation signifie aussi que le régime a peur de sa population », a commenté le journaliste sur la plateforme X.
Azenkad était jugé devant le tribunal de première instance de Mohammedia pour « outrage à institution officielle ». Le verdict a été rendu lundi 8 avril.
Ce qui est reproché au militant, ce sont des publications sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, dans lesquelles il apporte son soutien à la population de Gaza tout en critiquant le silence des autorités marocaines et la normalisation.
Critiquer la normalisation avec Israël coûte cher au Maroc : 5 ans de prison
Azenkad n’est pas le premier à écoper d’une telle peine au Maroc pour les mêmes accusations. En août dernier, Saïd Boukioud, un activiste marocain de 48 ans résident au Qatar, a été condamné également à 5 ans de prison ferme pour des « publications sur Facebook où il dénonce la normalisation avec Israël d’une manière qui pourrait être interprétée comme une critique visant le roi », avait indiqué son avocat.
Boukioud avait émis des critiques contre les accords de normalisation au moment de leur signature, en 2020. Il se trouvait alors au Qatar. Après avoir appris qu’il était poursuivi au Maroc, il a supprimé toutes ses publications et fermé son compte Facebook. Ce qui n’a pas empêché son arrestation dès son retour au pays. En août 2023, le tribunal de Casablanca lui a infligé une lourde peine de cinq ans de prison ferme.
Pour faire taire les militants anti-normalisation avec Israël et toutes les voix discordantes sur d’autres sujets, la justice marocaine utilise un article vague du Code pénal qui punit « quiconque porte atteinte au régime monarchique ». L’article prévoit deux ans de prison ferme mais stipule que la peine peut être portée à cinq ans si les faits sont commis publiquement, y compris donc sur les réseaux sociaux.
Au moment où les militants anti-normalisation sont ainsi lourdement sanctionnés, le palais royal soutient qu’il ne lâche pas la cause palestinienne, mettant à chaque fois en avant la qualité de « président du comité Al Qods » du roi Mohamed VI.
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