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« Grâce au Nobel, les ventes de mes livres sont passées de 200.000 à deux millions d’exemplaires »

Salle comble, mardi 30 octobre, au niveau du pavillon G du Palais des expositions des Pins maritimes, au 2e jour du 23e Salon International du livre d’Alger (SILA), avec la venue de Mo Yan, prix Nobel chinois de littérature en 2012. C’est la première fois qu’un Nobel la littérature visite l’Algérie. Et c’est la première fois aussi que Mo Yan se rend en Afrique.

« La faiblesse de la traduction des livres algériens au chinois m’a empêché d’avoir une idée précise sur la littérature algérienne », a reconnu l’écrivain. De la littérature arabe, Mo Yan, qui ne lit qu’en chinois, ne connait que les romans des Égyptiens Naguib Mahfoud et Djamel Al Ghitani. Selon lui, les travaux littéraires de qualité, produits dans le monde, sont peu traduits au mandarin (ou en cantonnais) en Chine.

« À mon avis, 1 livre sur 1000, publié en langue en arabe, est traduit en Chine. Les salons internationaux servent justement à faire connaître les œuvres et à faciliter leurs traductions à d’autres langues pour renforcer le dialogue entres les peuples. Je suis convaincu que la littérature arabe est très riche. Quand on parle de l’influence de Gabriel Garcia Marquez sur la littérature mondiale, on doit aussi dire que Marquez lui-même a été influencé par la littérature arabe », a souligné l’écrivain chinois.

Mo Yan a réfuté tout rapport entre son oeuvre romanesque et « le réalisme magique » du Colombien Garcia Marquez. « Moi, je veux transformer l’imaginaire à la réalité », a-t-il tranché en citant l’influence paysanne sur ses œuvres.

« Chaque écrivain doit veiller à écrire un texte de qualité »

« Il y a beaucoup d’auteurs chinois qui méritent le Nobel compte tenu de la qualité de leur littérature. Le Nobel a beaucoup d’influence dans le monde et en Chine. Grâce au Nobel, mes ventes sont passées de 200.000 à deux millions d’exemplaires, voire plus pour chaque roman. Avant le Nobel, mes travaux étaient traduits en 20 langues. Aujourd’hui, la traduction de mes livres se fait pour 50 langues à travers le monde », a-t-il confié.

Nuançant ses propos, il a estimé qu’avoir le Nobel ne signifie pas être « le meilleur romancier du monde ». « Cela ne peut pas ressembler à une compétition sportive. Si vous obtenez la médaille d’or, vous êtes le plus fort. Il ne faut pas regarder le Nobel d’un seul angle. Ce n’est pas une évaluation pour tous les écrivains au monde. Pour moi, chaque écrivain doit veiller à écrire un texte de qualité. Cela est valable autant pour les romans que pour la poésie. Obtenir une distinction, cela concerne les autres, pas l’écrivain lui-même », a-t-il souligné.

« La littérature mondiale est un immense jardin »

Interrogé sur la notion de liberté dans l’écriture littéraire, l’auteur de « Au pays des conteurs », a répondu en disant qu’il n’existe nulle part dans le monde de « liberté complète » pour l’écrivain. « Il existe des limites, à des niveaux différents, dans chaque pays », a-t-il dit.

Mo Yan, qui s’est beaucoup inspiré des contes de sa grand-mère, qui vivait dans la région de Shandong, dans l’Est de la Chine, a estimé que la littérature aide à faire connaître, les us, les coutumes et les cultures des peuples et des groupes sociaux. « La littérature mondiale est un immense jardin riche en roses et en fleurs. Aussi, les contes, les poèmes, les récits, les romans et les narrations font que ce jardin soit diversifié avec des fleurs de toutes couleurs », a-t-il dit.

Mo Yan, qui a été chassé de l’école dès son jeune dans les années 1960, n’a aucun complexe à dire qu’il a réussi dans sa carrière littéraire. « Mais, je ne veux surtout pas dire aux jeunes qu’ils faut déserter les classes ! », a-t-il dit.

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