Politique

Entretien. Mohamed Djemai, SG du FLN : « Nous sommes contre la transition »

Ce lundi, vous avez réaffirmé votre soutien à l’institution militaire et à son option de sortie de crise. Pourquoi ?

Parce que c’est la seule institution qui demeure debout et qui représente un prolongement populaire. De plus, l’institution militaire demeure unie, cohérente et entière. C’est une institution novembriste qui plaide en faveur d’une sortie de crise dans le cadre constitutionnel pour éviter au pays d’entrer dans des dédales incertains. C’est aussi une institution qui a préservé le mouvement populaire et qui a donné un exemple au monde entier dans sa gestion à la délicate période actuelle que traverse le pays.

Quelle est votre position par rapport à une transition politique ?

Nous sommes contre la transition. Pour une raison simple : ce sont des périodes qui ont démontré leur inefficacité et leur dangerosité dans plusieurs pays. Une transition politique signifie l’absence de la force de la loi et celle de la Constitution. C’est une période dont les retombées sont imprévisibles. Nous soutenons avec force et conviction l’institution militaire qui n’a pas voulue emprunter cette voie à l’issue incertaine et dont les conséquences seront négatives tant pour le peuple que pour le pays.

Au FLN, nous sommes en faveur d’un dialogue constructif, d’une solution dans un cadre constitutionnel. Nous plaidons pour une innovation dans le cadre constitutionnel. Autrement dit, tout en restant dans l’esprit de la Constitution, nous pouvons innover pour trouver des solutions dans son cadre au travers des concertations avec des constitutionnalistes et des spécialistes du droit constitutionnel.

Quelle est votre position par rapport aux présidentielles du 4 juillet ?

Le peuple demande une élection crédible et transparente. Mais pour que l’élection soit ainsi, il lui faut une commission indépendante d’organisation et de supervision des présidentielles, telles qu’exigées par le mouvement populaire. Ce qui n’est pas le cas en ce moment. L’autre revendication du mouvement populaire est la révision de la loi électorale. Ce qui n’a pas été fait aussi pour le moment. Pour l’heure, on ne peut donc pas aller à une élection présidentielle sans ces deux conditions sine qua none, à savoir une commission indépendante d’organisation et de supervision des élections ainsi d’une révision de la loi électorale. Il faut trouver des mécanismes pour organiser des élections conformément aux exigences du mouvement populaire.

On pourrait innover dans le cadre de la Constitution pour retarder la tenue des présidentielles, mais pas de beaucoup. C’est-à-dire qu’il ne faut retarder que de peu l’élection présidentielle car l’Algérie a besoin d’une stabilité et d’une sérénité pour protéger notre économie ainsi que nos frontières. Mais dans tous les cas de figures, il faut qu’il y ait des élections présidentielles pour que le mouvement populaire choisisse de manière libre et souveraine son prochain président de la République et ne pas s’embourber dans une période de transition aux conséquences imprévisibles.

Le FLN a-t-il des propositions de sortie de crise ?

Nos propositions se déclinent en 4 points : la préservation des revendications populaire légitime, un dialogue constructif pour trouver des mécanismes de sortie de crise où le peuple sera souverain et un changement de la loi électorale. Le quatrième point est essentiel pour le FLN : il se définit à travers la préservation du mouvement populaire des intrus qui veulent le pervertir et le dévier de ses objectifs nobles.

Vous avez demandé le départ de Bouchareb de la présidence de l’APN. Pourquoi ?

C’est une exigence irréversible sur laquelle on ne reviendra pas. Parce qu’on a promis de répondre positivement aux exigences légitimes du mouvement populaire qui a demandé son départ. De plus, cette personne [Bouchareb, NDLR] a accaparé le parti en entier et a fait main basse sur lui. Il s’est auto-désigné à la tête du parti par téléphone. Comment voulez-vous que les militants acceptent une personne pareille et qui se qualifie de « militant » de surcroît ?

De plus, il avait déclaré publiquement son ambition de dissoudre l’ensemble des structures du FLN. Mais pas seulement. Il était en train de s’activer, dans le cadre de forces extra-constitutionnelles pour fabriquer un congrès sur mesure, en un laps de temps record. Rappelez-vous qu’il avait l’intention de tenir un congrès en deux semaines. Quelle bizarrerie ! De plus, au moment où le pays était embourbé dans la crise, cette personne, au lieu d’éclairer les militants et de prendre des positions pour une sortie de crise, ne faisait que s’intéresser à lui-même et à sa propre carrière politique.

Bouchareb a déclaré avoir été mandaté par le président du parti pour préparer le congrès. Qu’en pensez-vous ?

On le défie de nous présenter un document prouvant qu’il a été mandaté pour organiser le congrès. C’est sur un coup de téléphone qu’il a décidé de prendre en charge la préparation du congrès, en dehors de la loi et d’une manière dénuée de toute intelligence. Mais, il n’a pas fait que ça : il a terni l’image du parti avec le meeting de la Coupole du 5 juillet qu’il a organisé le 6 février où il a ramené une foule qui n’avait rien à voir avec les militants du parti. Il a privilégié la quantité au détriment de la qualité. De plus, ce personnage a eu des déclarations provocatrices : il a insulté et provoqué le mécontentement du peuple surtout à partir d’Oran. Alors qu’il devait faire des déclarations apaisantes dans une période très sensible.

Mais le peuple ne demande pas seulement le départ de Bouchareb, il demande aussi le départ de Bensalah. Qu’en pensez-vous ?

Nous faisons, pour satisfaire les exigences du peuple, ce qui est à notre portée. Ce qui est en notre pouvoir, nous le faisons avec honneur

Ce sont les mêmes députés qui ont porté Boucharb à la tête de l’APN qui veulent le destituer. Que répondez-vous aux critiques sur ce point ?

Nous avons le courage de reconnaître nos tords. Et nous avons même demandé et demandons encore pardon au peuple pour toutes nos insuffisances. Mais c’était à travers des ordres reçus. Il y avait un ordre d’Ould Abass, à ce propos et celui qui n’obtempérait pas devait être sanctionné. Aussi et en plus de Ould Abbas, il y avait des forces extra-constitutionnelles qui s’immisçaient dans le travail du FLN et de l’APN à travers des ordres qu’elles donnaient.

Il y a eu même fermeture de l’entrée de l’APN par des chaines et un cadenas…

J’affirme que beaucoup de députés n’avaient pas accepté des comportements condamnables comme l’utilisation du cadenas qui leur a été imposé. Sachez de plus que c’est Mouad Bouchareb avec un petit groupuscule qui avait été à l’origine de l’utilisation du cadenas.

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