Alors que son nom est cité parmi les personnalités susceptibles de représenter le mouvement populaire, l’avocat Mokrane Ait Larbi estime que personne n’a le droit de parler au nom du peuple.
« Même si mon nom est cité, on n’a pas le droit de parler au nom du peuple, sinon on ferait comme le système depuis 1962. Même s’il faut désigner des représentants pour le mouvement, cela ne doit pas se faire sur les réseaux sociaux. On est en train de fabriquer de nouveaux leaders sur Facebook. Je ne pense pas que le militant peut sortir comme ça du jour au lendemain. Un militant, c’est des dizaines d’années de militantisme. Il ne cherche pas à saisir les opportunités », a dénoncé M. Aït Larbi, ce dimanche sur TSA Direct.
« Il y a des tentatives du pouvoir de créer des leaders pour négocier avec eux, il y a aussi une certaine opposition qui essaye de récupérer le mouvement, mais personne ne pourra récupérer une telle révolution. Je ne pense pas qu’ils réussiront. Le peuple qui a montré un tel degré de conscience se rendra compte de ces manœuvres. J’ai confiance en ces jeunes qui sont dans la rue, je suis optimiste », a-t-il ajouté.
« Il viendra le temps ou le peuple va désigner ses représentants, le temps est en sa faveur. Il y a des militants qui peuvent se réunir, pas à l’Aurassi avec Brahimi. Je suis prêt à discuter avec toute personne en dehors du système, on peut arriver à proposer des solutions », a estimé Aït Larbi.
À propos de solutions, M. Ait Larbi a répondu : « Je ne suis pas le conseiller du pouvoir, les revendications sont claires, il faut les satisfaire. Ils doivent partir tant qu’il y a une porte ouverte pour leur départ. »
Aussi, l’avocat et militant des droits de l’homme a rejeté dans la forme et dans le fond la feuille de route du pouvoir. « Je suis contre la feuille de route, contre l’idée de la conférence telle que présentée, contre le prolongement du quatrième mandat. Je suis pour écouter le peuple qui veut le départ du système, rien n’est possible avec ces gens », a-t-il énuméré.
Interrogé sur les magistrats, qui ont rejoint la contestation, Mokrane Aït Larbi a estimé que « les juges ont eux aussi subi beaucoup de pressions du ministère ». « Avant sa nomination, le juge est interrogé par les services du renseignement sur des choses inacceptables. Ils ont supporté, mais aujourd’hui ils se sont rebellés. Ils ont démontré qu’ils ont eux aussi besoin d’un État de droit », a-t-il dit.
Pour le célèbre avocat, le problème en Algérie c’est la fraude électorale. « Il faut arriver à un système électoral sans fraude et une vraie commission électorale, on peut aller chez nos voisins Tunisiens et prendre exemple sur leur commission électorale. Le problème en Algérie c’est la fraude électorale », a-t-il insisté, préconisant aussi le remplacement du Conseil constitutionnel par une cour constitutionnelle.
Aït Larbi s’est aussi expliqué sur son retrait du staff de campagne de Ali Ghediri. « On s’est mis d’accord sur des principes de base. Il devait apporter son expérience pour la protection de la nation et moi, mon militantisme. On a dit on va aller vers le peuple qui va choisir, et s’il y a fraude, le peuple saura ce qu’il doit faire. Mais dès lors que le peuple est sorti dans la rue, il n’y a plus d’élection. J’ai proposé un communiqué pour annoncer le retrait de la candidature, mais il a préféré attendre. On s’est alors séparé calmement. Je me suis retiré du processus électoral », a-t-il expliqué.