Surclassée par l’Espagne dans tous les domaines samedi à Madrid (3-0), plombée par les choix discutables de son sélectionneur Giampiero Ventura mais aussi par de spectaculaires faillites individuelles, comme celle de Marco Verratti, l’Italie est fragilisée et devra jouer sa place au Mondial en Russie lors d’un périlleux barrage en novembre.
Ventura en question
“Ventura, c’est quoi cette Italie ?”: ce titre pleine page à la Une du Corriere dello Sport dimanche résume la désillusion italienne après la pauvre prestation de samedi au Bernabeu. Les responsabilités pointées sont nombreuses, mais la première est logiquement celle du sélectionneur.
Samedi, comme l’écrit La Repubblica, “son 4-2-4 a été un château de cartes éparpillé en un coup de vent”. Depuis sa prise de fonction, l’ancien entraîneur du Torino s’accroche à ce système, testé contre des équipes bien moins fortes que la Roja. Samedi, il n’a jamais fait illusion.
A gauche, Insigne a été mal utilisé, mais c’est surtout le milieu à deux De Rossi-Verratti, qui a été constamment agressé et dépassé par des Espagnols supérieurs en nombre et en qualité.
De façon plus marginale, d’autres choix de Ventura ont été mal compris, comme celui d’aligner à gauche de la défense Spinazzola qui, en conflit avec l’Atalanta Bergame, n’avait pas joué une minute cette saison.
Au total, la comparaison avec la Nazionale de son prédécesseur Antonio Conte est cruelle mais d’autant plus inévitable qu’il y a un peu plus d’un an, ce sont bien les Italiens qui avaient donné une leçon de jeu collectif à l’Espagne lors de l’Euro-2016 (2-0).
Verratti touche le fond
Les vidéos du petit pont, du sombrero et du crochet successivement infligés par Isco ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux, mais c’est tout le match de Verratti qui a été un enchaînement de moments embarrassants.
Carton jaune pour un tacle raté dès la 4e minute, passe en retrait suicidaire à Buffon, intervention tardive sur le deuxième but espagnol, avalanche de passes latérales, absence totale de prise de risques… Le Parisien n’a rien réussi de positif et est apparu très loin du niveau des milieux espagnols.
Déjà désastreux face à la Macédoine lors de ces éliminatoires, Verratti ne trouve donc toujours pas le fil de son histoire avec la Nazionale. “Sa relation avec la sélection reste une histoire compliquée, faite de quelques numéros isolés et de longues intermittences”, résume La Repubblica.
Son match de samedi s’inscrit dans la ligne d’un été compliqué et d’un début de saison laborieux avec le PSG, mais “Marcolino” n’a effectivement toujours pas pris les clés de son équipe nationale.
Après une telle débâcle, les indiscutables ne sont pas non plus épargnés. Pas très dynamique sur le coup franc victorieux d’Isco, Buffon est ainsi l’un des plus mal notés par la presse sportive. “Mauvaise soirée ou déclin ? Le temps passe et la réactivité et les réflexes ne sont plus les mêmes”, écrit la Gazzetta dello Sport.
En novembre en mission
L’Italie avait intégré dès le tirage au sort le risque de devoir passer par les barrages pour atteindre la Russie. Il faudrait désormais plus qu’un miracle pour éviter le double rendez-vous à frissons du mois de novembre et les Azzurri commencent à regarder qui pourrait être leur adversaire.
La Suède, la Grèce, l’Irlande ou l’Irlande du Nord sont des candidats possibles pour ce duel à quitte ou double, que l’Italie n’a plus connu depuis 1997, sur le chemin du Mondial en France.
Vingt ans, cela fait loin, mais quelqu’un sera là pour raconter le parfum de ces matches à part: Buffon, qui avait justement fêté sa première sélection lors du barrage aller face à la Russie.