Joachim Löw, le sélectionneur allemand, vise en Russie un exploit historique: devenir le premier coach depuis la seconde guerre mondiale à remporter deux fois la Coupe du monde, après son triomphe de 2014 au Brésil.
Le seul à l’avoir fait avant lui est l’Italien Vittorio Pozzo, en 1934 et 1938… une autre époque.
En poste depuis 2006, Löw est une icône en Allemagne, et il est impossible de lui trouver un opposant sérieux dans le monde pourtant cruel des consultants ou des journalistes de football. Son talent de coach, sa personnalité sereine, sa façon de prendre du recul par rapport au football: tout chez lui conspire à en faire l’une des personnalités préférées de ses compatriotes.
Dès 2004, c’est lui qui impulse la révolution du football allemand. Il n’est alors que l’adjoint de Jürgen Klinsmann, mais ce dernier lui délègue les séances d’entraînement tactique, sa passion de toujours.
Dans une culture où la puissance athlétique individuelle et le goût du combat sont les seules valeurs reconnues depuis des décennies, il introduit peu à peu des notions qui dominent désormais le football du XXIe siècle: la défense de zone « coulissante », le jeu de transition ultra-rapide, le rôle offensif des joueurs de couloirs.
Inspiré par la philosophie du foot espagnol, il oriente aussi la formation des jeunes vers la recherche de joueurs plus techniques, plus fins, plus vifs. Un travail dont il recueille les fruits depuis plusieurs années.
Très soucieux de la gestion harmonieuse de son groupe (quitte à écarter les fortes têtes), il accueille en équipe nationale une génération de joueurs issus de l’immigration. Sa décision de proposer des séances de yoga lors des rassemblements internationaux lui vaut son surnom de « Jogi » Löw.
A ses yeux, la « Mannschaft » doit d’ailleurs être bien plus qu’une équipe de football: elle se doit aussi de défendre les valeurs d’une Allemagne démocratique, multiculturelle et ouverte sur le monde