Un emblème tout en discrétion : buteur en finale du Mondial-2010 mais collectif avant tout, Andres Iniesta a quitté la sélection à 34 ans sur un échec en 8e de finale du Mondial-2018 qui ne rend pas hommage à son immense carrière.
« Ce n’était pas le plus bel adieu, mais le football et la vie sont comme ça », a déploré le milieu de terrain espagnol, qui a joué son dernier match avec la « Roja », dimanche lors de l’élimination de l’Espagne contre la Russie aux tirs au but (1-1, 4-3 t.a.b.).
« Je pars avec un goût mauvais et dur. Nous sommes +foutus+ parce que nous n’avons pas su faire un pas de plus, être à la hauteur des circonstances », a confié « Don » Andres, très affecté en zone mixte, en confirmant sa retraite internationale.
« L’important est de retrouver le chemin du succès, ce qui n’est pas facile, c’est plus compliqué qu’il n’y paraît. Mais il y a une relève, nous avons des joueurs de niveau », a ajouté l’ancien milieu de Barcelone, qui rejoindra le championnat japonais la saison prochaine.
Est-ce parce qu’il fuit la lumière que son teint est si pâle? Le natif de Fuentealbilla, dans la région de la Manche (centre de l’Espagne) n’a jamais cherché à attirer sur lui les feux. Pour rire, son ex-équipier en sélection Pepe Reina l’avait un jour présenté comme « l’homme qui n’était pas en bons termes avec le soleil ».
Mais dans l’ombre, Iniesta s’épanouit. Il a le triomphe modeste, la technique élégante et la parole mesurée. « Le football est un jeu très sérieux où il faut s’amuser », avait-il jugé un jour, voix douce et sourire timide.
L’expérimenté milieu offensif du FC Barcelone aurait pourtant des raisons de bomber le torse, vu son palmarès: champion du monde (2010) et double champion d’Europe (2008, 2012) avec la « Roja », quatre fois vainqueur de la Ligue des champions avec le Barça.
– « Patrimoine de l’humanité » –
Certes, éclipsé par Messi, Iniesta n’a jamais obtenu le Ballon d’Or que sa carrière aurait mérité, terminant 2e en 2010. Mais il a toujours pensé avant tout le football comme une discipline collective. Un joueur « sans ses partenaires, n’est personne », estime cet amateur éclairé de pelote basque.
Si son geste favori est la passe, c’est un but qui l’a fait entrer dans le cœur des Espagnols: celui inscrit en finale du Mondial-2010 contre les Pays-Bas pour offrir à la « Roja » sa première couronne planétaire (1-0 a.p.).
Tout le pays se souvient de l’explosion de joie du joueur et du message qu’il portait sous son maillot, en hommage à son ami Dani Jarque, capitaine de l’Espanyol Barcelone, décédé d’une crise cardiaque en 2009 à l’âge de 26 ans.
Aussitôt, pour les Espagnols, Iniesta est devenu « Don Andres », un grand monsieur. Un jour, son entraîneur barcelonais Luis Enrique l’avait érigé au rang de « patrimoine de l’humanité ».
« Je me sens privilégié », commentait souvent l’intéressé. « Je suis fier d’avoir été présent lors de cette minute aussi importante pour la sélection espagnole (…). Cela restera gravé dans l’histoire et je suis l’homme le plus heureux du monde d’avoir contribué à réaliser le rêve de tous. »