La finale de la 21e Coupe du monde 2018 entre la France et la Croatie se déroule ce dimanche 15 juillet au stade Loujniki à Moscou (16h00, algériennes).
Elle mettra aux prises deux pays ayant réussi leur modèle de football, basé notamment sur la formation et la prise en charge des jeunes talents.
Atteindre la finale d’un Mondial est loin d’être un fait du hasard. Même si ce dernier stade de la compétition verra la présence de deux sélections qui n’étaient pas dans le top 3 des équipes favorites pour le sacre mondial.
On attendait l’Allemagne, championne du monde en titre, le Brésil de Neymar ou l’Espagne d’Iniesta et même l’Argentine de Messi. Finalement, c’est la France et la Croatie qui ont déjoué bien des pronostics.
Il reste à connaitre l’origine de cette réussite qui a permis à la France, dont il s’agit de la troisième finale en 20 ans, et la Croatie, d’aller bousculer la hiérarchie pour disputer le trophée le plus convoité dans la planète football. Mais comment ont-ils pu en arriver là ?. Des éléments de réponse.
France, pays de formation par excellence
Mondialement connue par son fameux centre de préformation de Clairefontaine (50 km au sud-ouest de Paris), la France se positionne comme un pays formateur par excellence. Plusieurs joueurs de l’équipe de France sont passés par cette véritable pépinière avant de connaitre la gloire avec leurs clubs respectifs.
La génération de 1998, championne du monde à domicile sous la conduite d’Aimé Jacquet, composée des Zidane, Deschamps, Blanc, et autres Henry, avait évolué ensemble dans les différentes sélections justement dans cet « usine » avant d’atteindre son apogée en remportant le Mondial 1998 suivi de l’Euro 2000.
Selon une étude réalisée par l’Observatoire du football CIES publiée en 2014, l’Olympique lyonnais, le Stade Rennais, Le Havre AC, l’AS Monaco, Toulouse, les Girondins de Bordeaux, le FC Sochaux-Montbéliard et le Montpellier Hérault SC font partie des vingt meilleurs clubs en Europe en matière de formation.
Ce classement reste néanmoins largement dominé par les Espagnols du FC Barcelone et leur fameuse Masia (centre de formation) qui a produit un certain Lionel Messi.
La France, c’est aussi le deuxième pays exportateur de joueurs au monde derrière le Brésil. L’enquête porte sur 137 ligues et 93 associations nationales.
Hors des frontières européennes, l’Algérie est la destination la plus prisée par les Français, mais il s’agit souvent de professionnels d’origine algérienne ayant grandi en France et retournant dans le pays de leurs parents. Les États-Unis constituent la deuxième destination hors Europe.
Autre élément important. La stabilité du staff technique y est pour quelque chose dans les résultats réalisés par les Bleus en Russie. Le sélectionneur français Didier Deschamps est en poste depuis 2012. En dépit de l’échec à l’Euro 2016 disputé en France (finale perdue face au Portugal 1-0, ndlr), il avait été confirmé dans ses fonctions par la Fédération française (FFF).
Deschamps, capitaine des Bleus lors de la Coupe du monde 1998, est le deuxième plus ancien sélectionneur d’une nation européenne, après l’Allemand Joachim Löw, aux commandes de la Nationalmannschaft depuis 2006.
Dinamo Zagreb, pourvoyeur de la « Vatreni »
La Croatie n’a pas la même aura que la France sur le plan mondial, mais elle a réussi grâce à un model simple et efficace.
Si l’équipe de France peut s’appuyer sur un réservoir de joueurs assez diversifié, la « Vatreni » (surnom de l’équipe croate) en revanche, se base essentiellement sur une seule source : le club du Dinamo Zagreb, considéré comme la locomotive du football croate depuis l’indépendance du pays en 1991 et la dislocation de l’ex-Yougoslavie.
En effet, 14 des 23 joueurs retenus pour le Mondial russe ont tous évolué au Dinamo Zagreb, vainqueur de 12 des 13 derniers championnats. Luka Modric (Real Madrid), Mario Mandzukic (Juventus de Turin), Mateo Kovacic (Real Madrid) ou encore Dejan Lovren (Liverpool) ont porté les couleurs du Dinamo avant d’aller monnayer leur talent ailleurs.
Depuis plusieurs années, le Dinamo s’est forgé une réputation de club formateur à l’échelle mondiale. L’exemple le plus édifiant est celui du milieu de terrain du Real Madrid, Luka Modric, parti de Zagreb pour Tottenham avant d’ « exploser » sous le maillot du Real Madrid, remportant notamment les trois dernières éditions de la Ligue des champions d’Europe.
La pépinière du Dinamo Zagreb continue toujours d’exporter des joueurs de talent. Le dernier en date n’est autre qu’Ante Coric. Absent du groupe des 23 du sélectionneur Zlatko Dalic (arrivé en octobre 2017, ndlr) pour la Coupe du monde, le milieu offensif de 21 ans s’est engagé cet été pour cinq ans avec la formation italienne de l’AS Rome pour un chèque de 7 millions d’euros.
L’attaquant international algérien Hilal Soudani, qui vient de rejoindre le club anglais de Nottingham Forrest (Div.2) a passé cinq saisons avec le Dinamo, remportant plusieurs titres à l’échelle nationale, dont un doublé Coupe-championnat lors de l’exercice précédent.
Pour les observateurs, la Croatie pratique le football le plus chatoyant dans cette Coupe du monde. En présence de joueurs doués techniquement tels que Modric, l’équipe au damier a su profiter de la formation technique de ses joueurs dans le club de la capitale, une sorte d’automatisme qui s’est déjà mis en place au Dinamo avant de faire ses preuves en sélection.
« Une identité de jeu claire, faite de redoublements de passe et d’un gros pressing sur de courtes séquences de jeu. Les automatismes sont là et le style y est depuis l’indépendance croate en 1991. De manière générale, c’est la formation croate qui fonctionne très bien puisqu’un seul joueur des 23 est formé en-dehors du territoire croate, en la personne d’Ivan Rakitic (FC Bâle, Suisse) », selon un rapport diffusé sur BeIN Sports.
Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le footballeur devenu entraîneur du Bayern Munich Niko Kovac, 46 ans, explique cette fierté de porter le maillot à damier. Les Croates « ont le sport dans le sang », « aiment la compétition et se mesurer aux autres », poursuit-il, invoquant encore l' »émulation » des champions en place.
Et puis dans une économie en souffrance, « c’est un moyen de gagner sa vie ou de trouver un moyen d’émigrer », une priorité pour de nombreux jeunes, dit encore Niko Kovac.
Certes, « les infrastructures ne peuvent être comparables à ce qu’on voit en Allemagne », poursuit Kovac, né à Berlin. Mais en comparaison « le sport scolaire est encore une priorité » en Croatie, explique-t-il : « Ils n’ont peut-être pas d’infrastructures modernes, mais il y a des panneaux de basket dans chaque cour d’école, des mini-terrains de foot ou des terrains de handball dessinés partout.. »
Si la France en est à sa 15e participation au Mondial, la Croatie a participé à cinq phases finales. Depuis sa première participation en 1998 (3e au classement), la Croatie n’a raté qu’une seule édition, celle de 2010 en Afrique du Sud. Les Croates espèrent écrire la plus belle page de leur histoire, mais pour ce faire, ils doivent battre une équipe de France considérée comme favorite.
En cas de défaite de la France en finale du Mondial-2018 dimanche, la Croatie, un pays de 4,2 millions d’habitants, deviendra la plus petite nation à emporter la compétition majeure du sport planétaire, depuis l’Uruguay en 1950.